Pour Ahmed Ammor, secrétaire général de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), le football national n'a d'autres choix que de se professionnaliser. Instances fédérales, clubs et joueurs doivent s'y mettre dès maintenant pour faire réussir ce projet. Entretien. ALM : Quel commentaire faites-vous au communiqué rendu public par les dirigeants de clubs du GNFE ? Ahmed Ammor : J'ai bien vu les recommandations des dirigeants de clubs de première et de seconde divisions du Groupement national de football élite (GNFE). Tous sont d'accord sur la nécessité de mettre à niveau le football marocain. Les avis divergent quand il s'agit de la manière de procéder à un changement qui sera tout bénéfique pour cette discipline très populaire au Maroc. Lors de la préparation de ce projet de professionnalisme, tous les acteurs de ce sport ont été impliqués. Les réunions se sont succédé au sein même du bureau de la fédération en présence des associations et clubs et des représentants des autres composantes. Plusieurs conférences de presse ont également été organisées pour tenir l'opinion publique au courant de toutes les avancées de ce projet. En mai 2002, la copie actuelle a été bouclée. Il ne manquait plus que l'engagement du gouvernement, notamment sur le plan financier, dont il fallait s'assurer avant de décider quoi que ce soit; ce qui a été réglé en juin dernier avec la signature du contrat-programme entre le Premier ministre, Driss Jettou et le président de la Fédération royale marocaine de football. Rien n'empêchait alors l'instance fédérale à commencer la mise en application des différentes clauses de ce contrat. La date du 4 septembre a donc été retenue… Tout à fait. C'est en cette date que l'application du contrat-programme commencera. Il est clair que les clubs ne seront pas tous prêts en même temps. Mais comme il n'y aurait pas de saison transitoire, les clubs et associations se trouvent dans l'obligation de devenir conformes aux dispositions du projet. Sur plusieurs points, une souplesse devra être de mise. C'est le cas par exemple pour les contrats clubs-joueurs qui bénéficient d'abord aux clubs en les protégeant des différentes pratiques douteuses liées aux transferts. Un joueur qui n'est pas lié avec son club par un contrat en bonne et due forme est libre de choisir, à n'importe quel moment, la destination qui lui plaît. C'est pour cela d'ailleurs que la FIFA insiste beaucoup sur ce point. Le communiqué des dirigeants de club demande également la mise en place d'une assise juridique adéquate au professionnalisme. Qu'en est-il exactement ? Pourquoi changer les lois alors que le projet ne le demande pas. Une petite lecture montre qu'il n'est pas nécessaire d'avoir une loi spécifique pour amortir un changement de statut pour les clubs. Les représentants de clubs déclarent ne pas vouloir de professionnalisme hâtif. Que leur répondez-vous ? La Fédération internationale de football est catégorique pour ce qui est de la professionnalisation de la pratique footballistique dans le monde. Elle a demandé à toutes les fédérations et associations de choisir entre le professionnalisme et l'amateurisme. Et comme au Maroc, nous ne voulons pas faire un pas en arrière, un championnat amateur existant déjà, nous avons opté pour une professionnalisation complète du football national. C'est un projet qui n'est pas récent. Il n'est pas l'œuvre d'une minorité mais a été conçu en complète concertation avec les différents acteurs de la scène footballistique nationale. Nous attendions les moyens. Ils sont là à présent. Place alors au travail sérieux pour réussir une mise à niveau salutaire de notre football. A partir de la saison 2005-2006, les chantiers des Centres de formation vont être lancés. L'argent est déjà débloqué. Il sera également remise la somme de 1,2 million de dirhams à chaque club du GNFE pour l'aider à tenir une comptabilité correcte. A la fin de cette saison, des primes d'encouragement, respectivement de l'ordre de 1,5, 1 et 0,5 millions de dirhams, sont prévues pour les premier, second et troisième du classement. A votre avis, la pratique footballistique marocaine est-elle prête à de tels changements ? Cela fait plusieurs années que le football marocain aspire à devenir professionnel, ce qui serait à la hauteur du public marocain. Je pense que le football national est prêt pour une telle mise niveau. Je dirais même que c'est un changement qui s'impose avec urgence. Ce qu'il faut, c'est lancer les projets de mise à niveau et corriger les écarts au fur et à mesure.