Car il n'est plus uniquement question de ballon rond, de buts et de titres à remporter. Le football est devenu une économie où de multiples compétences sont requises. L'amour du jeu ne suffit plus. La gestion archaïque des clubs à coups de levée de fonds personnels non plus. Il y a quelques semaines, l'affaire du transfert du joueur wydadi Abdelhak Aït El Arif au club tunisien de Sfax avait fait couler beaucoup d'encre. Le joueur qui était libre de tout engagement, à part celui d'ordre moral de club-mère-formateur, avec les Rouge et Blanc, avait claqué la porte. Il avait ses raisons. Mais il se trouve que son club n'a rien gagné de ce transfert. Pas un sou. Aucun club n'aimerait vivre ce genre de situation. Et pourtant, l'affaire Aït El Arif n'est pas une première. Et c'est justement pour rompre avec des pratiques pareilles, liées directement au caractère amateur du football marocain, que les instances dirigeantes de ce sport ont élaboré un projet de mise à niveau il y a de cela près de trois années. Mais il n'aboutira que la saison prochaine, une fois que le gouvernement et les collectivités locales seront passés à la caisse. Près de 280 millions de dirhams y seront consacrés. La Fédération royale marocaine de football a donc opté pour le professionnalisme. Le projet, sur le papier, est excellent. Les déclarations d'intention de la part de l'autorité gouvernementale, des dirigeants fédéraux et des différentes composantes de la scène footballistique nationale se sont multipliées ces dernières semaines. Toute la planète footballistique nationale veut le professionnalisme, l'a applaudi et s'est dite prête à œuvrer dans le sens de sa mise en pratique. Mais est-ce suffisant ? Adopter le professionnalisme suppose des réformes radicales, qui concerneront aussi bien les méthodes de gestion des clubs, du financement, des infrastructures, de la communication et de la recherche de sponsors. Des réformes qui n'oublieront pas le volet administratif qui va dans le sens de la formation d'un personnel gestionnaire nouvelle génération, qui prendrait en compte les changements opérés par le football à l'international. Car il n'est plus uniquement question de ballon rond, de buts et de titres à remporter. Le football est devenu une économie où de multiples compétences sont requises. L'amour du jeu ne suffit plus. La gestion archaïque des clubs à coups de levée de fonds personnels non plus. Ce qu'il faudrait pour la mise à niveau de cette discipline sportive qui compte des millions d'adeptes au Maroc est avant tout l'adoption d'une culture managériale qui met en valeur l'élément humain, le pratiquant et son public en l'occurrence, et qui sont l'essence même de ce show sportif qu'est devenu le football d'aujourd'hui. C'est également et surtout un effort d'investissement, beaucoup plus humain que financier, qui doit être fourni quotidiennement. Avec la professionnalisation, ce sont les mentalités qui doivent changer, muer pour atteindre le niveau escompté. Difficile, très difficile d'imaginer nos dirigeants de clubs, de ligues et d'instances fédérales dans un décor pareil !