Témoignage de Salah Eddine Benmoussa Savoir qu'un artiste est toujours en vie, malgré sa maladie, est réjouissant, mais apprendre sa mort dans un état de santé détérioré est assez désolant voire attristant. La star, Fatima Regragui, décédée, lundi, a hélas souffert de la perte de vue avant de partir à l'au-delà. Une nouvelle qui attriste fort le public marocain qui a apprécié ses performances et les artistes comme, entre autres, Salah Eddine Benmoussa, fin connaisseur du parcours de la défunte. «C'était la première actrice professionnelle en théâtre dès l'âge de 15 ans», remonte- t-il le temps. Ainsi, elle s'est produite avec les vétérans du théâtre dans le cadre de la troupe de la jeunesse et des sports, devenue la troupe nationale du temps de Mohamed Afifi, Mohamed Tayeb Laâlej, Tayeb Seddiki, Ahmed El Alaoui. «Pour Mohamed Afifi, il n'y avait pas mieux que Fatima Regragui pour interpréter un rôle dans la pièce de théâtre «Hamlet et Otaïl»», révèle l'acteur. M. Benmoussa rappelle également que cette oeuvre est un chef-d'oeuvre du théâtre marocain. Et ce n'est pas tout ! «Cette actrice était excellente en prononciation de la langue arabe classique. De plus, elle n'entrait pas en compétition pour obtenir ses rôles surtout quand elle a rejoint la troupe du théâtre national après sa grande expérience dans la troupe nationale. Elle connaissait plutôt sa valeur», exalte-t-il à propos de la regrettée. Pour lui, la défunte n'entrait non plus en compétition pour avoir un rôle dans les sitcoms. «Sa dernière oeuvre diffusée sur la télévision était le film «Yemma» (Maman) de Hassan Benjelloun. Son rôle était très touchant», s'exprime M. Benmoussa. Il a, d'ailleurs, participé avec elle dans cette oeuvre aux côtés d'autres artistes. «Elle était la première actrice à s'afficher dans la publicité de par son charme à l'époque. Elle a figuré, en tenue traditionnelle marocaine, dans des cartes postales mettant en valeur le Royaume», raconte l'acteur qui évoque les rôles de la regrettée dans des pièces de théâtre. Ainsi, elle a participé dans «Wali Allah» (L'adepte de Dieu), «Fdouliates» (Curieuses) et avec Mohamed El Jem dans plusieurs pièces aux côtés de Ahmed et Malika Omari. «Quand je l'ai rencontrée lors du tournage de «Yemma», elle m'a appris qu'elle ne voyait plus bien, je lui ai recommandé de suivre une thérapie», se souvient-il. Malheureusement, son état s'est, comme il l'indique, détérioré et elle s'est quasiment retirée de la scène. En cinéma, l'artiste disparue doit sa première expérience à Ahmed Tayeb Laâlej et tayeb Seddiki. «Avec des réalisateurs français, ils ont tourné des oeuvres humoristiques époustouflantes », ajoute M. Benmoussa. Tel qu'il le précise, elle a également participé à des oeuvres étrangères. «Elle était photogénique. Elle avait toutes les composantes de l'acting marocain», s'enthousiaste l'acteur. Cet artiste se remémore aussi que la disparue a aussi joué dans les célébrissimes théâtres en France. «Elle s'est produite sur les planches du théâtre Sarah-Bernhardt à Paris avec la troupe nationale dans la pièce «Mrid Khatrou» (Malade à sa guise) de Abdessamad Kenfaoui en 1958. Elle a même récolté des prix avec cette performance. De son côté, la presse française avait indiqué à ce propos : «C'est comme si Molière avait écrit pour les Marocains»», avance-t-il. Pour lui, la défunte mérite tous les éloges. Et il n'y a pas visiblement de meilleur témoignage à propos de la regrettée que celui de cet artiste chevronné.