L'ancien membre du bureau politique du RNI, Abdelhadi Alami, explique les raisons de sa démission du parti d'Ahmed Osman. Entretien. ALM : Percevez-vous votre démission du RNI comme un échec personnel, une abdication? Abdelhadi Alami : Non, absolument pas. Ma démission est une protestation contre un phénomène qui a duré un quart de siècle. Lorsque le président était au pouvoir, les choses fonctionnaient plutôt bien. Mais dès qu'il est sorti du gouvernement, il est devenu affairiste et potentat. Nous avons vécu plusieurs Intifadas. Je reconnais que physiquement je n'en pouvais plus. Je n'ai pas rejoint le RNI pour gagner un poste, j'étais déja président d'un important groupe. Puisqu'il n'y a pas d'objectifs nobles et crédibles à satisfaire dans ce parti, j'ai préféré le quitter après l'avoir aidé du mieux que j'ai pu et sur tous les plans. Que reprochez-vous concrètement à Ahmed Osman, le président du RNI ? Je lui reproche d'être incapable de piloter les plus importants chantiers du parti, à savoir son organisation administrative, sa gestion financière et politique. La situation est aujourd'hui catastrophique. A titre d'exemple, le RNI ne dispose d'aucun système d'archivage, la répartition des tâches politiques entre les différents responsables laisse à désirer, et l'argent du parti va directement dans les poches du président. L'achat du siège que plusieurs membres du parti ont financé a été enregistré au nom d'Ahmed Osman. Depuis les dernières élections, les finances du RNI souffrent d'un trou d'environ vingt millions DH. Plusieurs tentatives d'assainir la situation ont été avortées par si Ahmed Osman. Moi, je dis que le silence, en cas de délit, équivaut à une complicité. Nous avons rédigé une lettre adressée au président, et signée par 17 membres du B.P, où nous lui fixons un ultimatum d'une semaine pour qu'il justifie les dépenses effectuées et transfère la propriété du siège au nom du parti. Il s'est mis dans tous ses états et a refusé de donner suite à la lettre. Aujourd'hui, il ne reste que l'ultime recours, de déclencher contre Ahmed Osman une procédure de destitution. Puisque Ahmed Osman est responsable de tant d'irrégularités, pourquoi les militants ne décident pas sa destitution ? La commission nationale est la seule habilitée à convoquer un congrès extraordinaire pour démettre le président. Ce conseil est composé de 330 personnes. Mais comme vous le savez, avec plus de trois Marocains, tout accord est difficile à négocier. Si Ahmed Osman décide de partir, reviendrez-vous au RNI ? S'il quitte définitivement, je réfléchirai. Encore faut-il que tout le monde veuille bien se mettre au travail. Vous dites que le RNI est dans une situation catastrophique. Comment se fait-il alors qu'il soit parmi les premiers partis du pays ? L'explication est tout à fait simple. Le RNI n'est pas un parti, c'est un rassemblement de régions, de préfectures et de notables. Lors de sa création, le parti a regroupé les meilleures personnes dans chaque région. Elles ont été choisies par Feu Hassan II. Ces notables n'ont jamais eu besoin d'Ahmed Osman, ni de quiconque pour réussir aux élections. D'ailleurs, le président ne connaît même pas les noms de ses propres députés. Le RNI est donc un parti sans idéologie. Exactement. C'est un parti sans idéologie. Celle qu'il se targue d'avoir n'est en fait que de la littérature creuse. En quittant le RNI, avez-vous fini définitivement avec la politique ? Je suis en train de créer une association, baptisée Association marocaine pour le développement humain. Je vais y consacrer tout le temps que je passais dans le monde de la politique. Nous allons commencer par la ville de Marrakech pour couvrir l'ensemble des régions du Maroc.