Membre du Bureau politique et responsable de la communication du RNI, Abdelhadi Alami commente pour ALM la signification du choix des nouveaux ministres en dehors des instances du parti. ALM : Comment se porte le RNI après le choix de ministres en dehors des structures du parti? Abdelhadi Alami : A mon avis, le RNI est fini en tant que parti responsable. Il renvoie les signaux d'un bateau ivre qui prend l'eau de toutes parts. C'est injuste, par ailleurs, de dire que le parti ne compte pas de cadres compétents. Notre formation regorge de compétences issues aussi bien du monde des affaires, de l'agriculture que des professions libérales. Mais pourquoi les cadres dont vous parlez ne sont-ils pas connus, médiatisés ? Cette situation représente le mauvais secret du RNI. Quand il s'agit de la formation ou du remaniement du gouvernement, le choix des personnes se fait en dehors des structures du parti. On parachute des gens qui n'ont jamais milité au sein du RNI et qu'on étiquette RNI pour la circonstance. C'est une insulte pour l'intelligence des femmes et des hommes du parti qui se dépensent sans compter pour leur formation et leur pays. Comment le président Ahmed Osman, avec lequel les membres du Bureau exécutif se sont réunis hier mardi, explique-il cette affaire ? Ahmed Osman vit depuis quelques années dans des contradictions flagrantes. Lors de cette réunion, il a prétendu ne pas avoir donné son accord pour le choix des nouveaux entrants au parti et au gouvernement, tout en reconnaissant les avoir reçus chez lui le matin de leur nomination. Ces contradictions ont fini par miner les structures du parti et saper le moral des troupes. Aujourd'hui, la situation est telle que le rassemblement est au bord de l'implosion. A chaque fois qu'il y a formation ou remaniement du gouvernement, les membres du parti manifestent leur mécontentement contre Ahmed Osman pour se calmer juste après… Il est indispensable de savoir que nous sommes un parti qui fut inspiré par les pouvoirs publics. En un mot, le RNI est une formation émanant de la Monarchie, créée pour accompagner sous les hautes directives de S.M le Roi le développement économique et social du Royaume. Nous sommes fiers de nos origines, mais là où le bât blesse, c'est que notre faiblesse de management politique provient de notre force initiale supposée. Ahmed Osman est un homme du sérail et les cadres du parti ont été choisis parmi l'élite du pays, loyale et disciplinée. Taper sur la table ne fait pas partie de leur registre. Quel est le problème fondamental du RNI aujourd'hui ? Son problème réside dans la quasi-absence de leadership. En toute sincérité et au nom de l'amitié et de l'estime que j'ai pour lui, Ahmed Osman doit quitter la tête du parti et se réserver la présidence d'honneur dans la dignité et le courage que nous lui connaissons. On considère que le RNI est un parti de vieux. Est-ce pour cela qu'on vous impose des jeunes de l'extérieur ? C'est complètement faux. Le RNI est une pépinière de jeunes cadres compétents qui ne demandent qu'à servir leur pays. Encore faut-il leur en donner l'occasion. Et puis, personne n'a besoin d'être autorisé pour servir son roi et son pays indépendamment de son âge. Bien au contraire. La sagesse et l'expérience des anciens peut compléter le dynamisme et la créativité de la nouvelle génération. Cela dit, ce qui manque au RNI, c'est un président fort et charismatique. Driss Jettou, que nous estimons pour ses qualités d'homme libéral et pragmatique, a justement le profil souhaité. Il pourrait, le cas échéant, se rendre compte de lui-même que le RNI n'a pas besoin de greffes ni de perfusion mais d'un bon président décisionnaire. Ce serait l'occasion pour M. Jettou d'asseoir en plus sa légitimité sur une base politique solide.