Promouvoir les émergences, les innovations, renforcer les médias… L'Etat doit accompagner le secteur des médias en renforçant sa transformation digitale, tout en les appuyant dans leur recherche d'un modèle économique innovant et pérenne. Le nouveau rapport du modèle de développement présenté au Souverain accorde une place particulière au champ culturel. Pour cela la Commission spéciale chargée de ce modèle (CSMD) propose ainsi une série de recommandations. Elle considère en effet que la culture au Maroc est vouée à devenir un levier multidimensionnel de prospérité économique, de lien social inclusif et de soft power géopolitique. «La culture offre un gisement de croissance, d'investissement et d'emploi au plus proche des territoires et des besoins locaux. La profondeur historique marocaine est un atout à faire valoir comme levier de stabilité régionale, de rayonnement culturel et de coexistence», lit-on dans le rapport. Intégrer fortement la culture dans l'écosystème éducatif La CSMD préconise d'intégrer fortement la culture dans l'écosystème éducatif. Elle propose en effet d'introduire les débats et les controverses thématiques comme formats d'enseignement de certaines matières comme l'histoire, la philosophie, et l'apprentissage des langues, afin de former à la pensée critique, au dialogue, et à l'ouverture sur l'autre. «Il s'agit également d'introduire de manière plus importante des enseignements optionnels liés aux arts dans les cursus scolaires, et de développer des filières artistiques dès le secondaire qualifiant», lit-on dans le rapport. Appuyer le rôle des médias et renforcer sa transformation digitale La Commission appelle à renforcer le rôle des médias (audiovisuel, radio, presse, et nouvelles plates-formes). «Elles doivent être appuyées dans leur rôle d'information, de sensibilisation, de médiation, d'animation de la vie publique, de promotion de l'échange, et d'appui aux initiatives locales», indique la même source. Pour la Commission, l'Etat doit accompagner le secteur des médias en renforçant sa transformation digitale, tout en les appuyant dans leur recherche d'un modèle économique innovant et pérenne. «L'objectif est d'aboutir à un secteur dynamique, produisant un contenu de qualité et répondant aux nouveaux usages, notamment des plus jeunes, qui contribue au rayonnement du Royaume à l'international, et renforce la souveraineté du pays dans la production d'information et de contenu numérique». La CSMD recommande ainsi d'actualiser la politique publique de la communication pour définir le service public des médias, et en rénover la gouvernance et les modes de financement. «Ces derniers doivent permettre un cadre de coopération efficace avec le gouvernement, et une indépendance dans la gestion qui incite à l'innovation et à la qualité, dans le respect des normes de régulation du secteur et des orientations de la politique publique de la communication. L'offre médiatique régionale doit être renforcée, afin d'assurer que chaque région dispose d'au moins une chaîne qui consacre une partie de ses programmes à des débats, des informations et des enjeux locaux». Favoriser le développement d'initiatives culturelles innovantes Dans son rapport, la CSMD appelle à s'orienter vers des contenus culturels de meilleure qualité et des formats plus innovants et s'ouvrir à des acteurs nouveaux. «Il est proposé de développer un label pour les contenus de qualité, permettant de faire émerger de nouveaux acteurs, de faire valoir les droits d'auteur, et de professionnaliser certaines filières de production de contenu. Le cinéma et la musique seraient particulièrement appuyés dans leur production et internationalisation, comme leviers de soft power». Développer une offre qui fasse connaître le Maroc Ladite Commission propose dans le même cadre de mettre en place une labellisation des acteurs et des initiatives culturelles et médiatiques et de favoriser l'adhésion de ces derniers à une charte commune de valeurs et d'objectifs. «Cela pourrait passer par la mise en place d'une plate-forme médiatique d'information, d'analyse et de débat public portée par un groupement de médias privés à but non lucratif, qui soit complémentaire avec le pôle médiatique public, ainsi que par la mise en place d'une plate-forme numérique pour les industries culturelles tournées notamment vers la production de contenu audiovisuel innovant et de qualité, à vocation afro-méditerranéenne, en collaboration avec les structures cinématographiques et télévisuelles nationales». Pour la Commission, il est important de développer une offre qui fasse connaître le Maroc et de sensibiliser le public international à l'histoire millénaire du Maroc et ses singularités et à son engagement séculaire en faveur du dialogue des civilisations, de la tolérance et de la modération. Déployer des lieux de vie culturels dans les territoires La CSMD préconise de valoriser le patrimoine culturel local, de sensibiliser et de promouvoir le débat, d'appuyer les acteurs culturels et artistiques locaux, et d'initier ou de former aux pratiques artistiques. De même, elle appelle à assurer la sauvegarde et la promotion du patrimoine national et de la mémoire collective et renforcer le rayonnement international de l'histoire et de la culture marocaines, avec la mobilisation de tous les acteurs, pouvoirs publics, élus, société civile et secteur privé. De plus, elle recommande de mettre en place des mesures ciblées aux niveaux régional et local, tels que des musées dédiés au patrimoine immatériel local, la numérisation de tous les contenus culturels immatériels, l'organisation d'événements réguliers autour de biens culturels et enfin, le renforcement des guides culturels régionaux, labellisés et formés.