Financement, accompagnement, zones industrielles vertes… La compétitivité des entreprises en jeu Mettre en exergue les enjeux et impacts liés au risque d'évolution de la règlementation relative aux émissions de gaz à effet de serre (GES), tel est l'objectif d'une rencontre virtuelle organisée tout récemment par l'Association Marocaine des exportateurs (Asmex), en partenariat avec le Bureau Veritas Maroc. En effet, cette réunion qui s'est tenue sous le thème «Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières de l'UE pour les exportations marocaines (MACF) ou Carbon Boarder Adjustment Mechanism (CBAM)», était une occasion pour rapprocher les exportateurs des mesures à prendre pour leur permettre de se préparer au mieux à cette nouvelle exigence européenne. Dans ce sens, Hassan Sentissi El Idrissi, président de l'Asmex, a déclaré que «nous avons suivi au niveau de l'Asmex toutes les évolutions de la conjoncture liée aux exigences de la décarbonation qui s'ajoutent aux leviers de compétitivité des entreprises exportatrices marocaines. A ce titre, nous avons multiplié les partenariats avec les entreprises expertes dans ce domaine telles que le Bureau Véritas Maroc, afin de proposer à nos membres des solutions qui leur permettront de s'aligner sur les exigences internationales et maintenir leurs parts de marché». Said Mouline, directeur de l'Agence marocaine de l'efficacité énergétique (AMEE), a indiqué, pour sa part, qu'«il y a une carte essentielle à jouer par notre pays qui viendra s'ajouter aux atouts dont il dispose déjà par rapport au marché européen». A ce titre, il a déclaré aux participants que «le Maroc a pour projet d'élaborer une norme marocaine reconnue au niveau européen pour évaluer le bilan carbone des entreprises nationales. Ce projet est bien avancé et attend juste que l'Europe fixe les points à calculer». Le directeur de l'AMEE a annoncé d'ailleurs que le Royaume discute avec l'UE un pacte vert qui liera les deux parties et qui permettra d'accompagner la mise en place de toute la transition vers l'économie verte en général et le processus de décarbonation en particulier. «Il est important que le Maroc soit également perçu par les investisseurs étrangers comme une destination de production industrielle carbone neutre. Et c'est possible grâce notamment aux projets de zone industrielle au carbone neutre qui sont programmés», soutient-il. Dans le même contexte, Abdelaziz Belhouji, expert climat et bilan carbone chez Veritas, a indiqué quant à lui que «le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières de l'UE fera l'objet en juin prochain d'une proposition législative par la Commission européenne qui devra entrer en vigueur en janvier 2023». Il a expliqué de plus que plusieurs options sont actuellement sur la table, à savoir les droits de douane sur les produits à forte intensité carbone, le paiement d'une taxe carbone (taxe sur le contenu carbone du produit importé comme s'il avait été fabriqué par le pays importateur). Cette mesure, selon lui, est en cours d'étude pour vérifier sa conformité avec les règles de l'OMC, subvention à l'export des entreprises européennes engagées en matière de climat, extension du système d'échange de quotas européens aux importations appliqué actuellement. «En attendant de trancher, les entreprises marocaines n'ont d'autre choix que de se préparer en profitant de toutes les mesures stratégiques et les programmes d'accompagnement mis à leur disposition dans le cadre de la stratégie nationale de développement durable adoptée par le ministère du commerce, de l'Industrie, de l'économie verte et numérique», dit-il. Par ailleurs, cette rencontre était une occasion d'évoquer les programmes de financement des projets existants dans l'efficacité énergétique et l'intégration des énergies renouvelables. A cet effet, Mounir Zraidi, responsable développement et promotion de l'expertise à l'ANPME, a rappelé que les opérateurs économiques marocains disposent d'une panoplie de formules de soutien financier dans le cadre de Tatwir-Energie Verte mis en place par Maroc PME. «Aujourd'hui avec ces financements nous avons beaucoup de demandes. Dès la première phase on a dépassé une centaine de projets dont certains sont déjà lancés», précise-t-il.