Les argentiers du bassin méditerranéen ont tenu un sommet à Skhirat, les 19 et 20 juin 2005. L'évaluation du processus de Barcelone a besoin visiblement d'un nouveau souffle qui ne peut émaner que de la mise en place d'une vision politique. De l'aveu du ministre de l'Economie et du Commerce extérieur du Luxembourg, Jeannot Krecké, pays qui préside actuellement l'Union européenne, le processus de Barcelone affiche un "bilan mitigé". Lors de la réunion des ministres de l'Economie et des Finances des pays de l'Union européenne et de leurs homologues des pays partenaires méditerranéens (PPM), ouverte dimanche après-midi à Skhirat, le ministre Luxembourgeois a relayé le constat fait lors de la récente conférence des ministres des Affaires étrangères Euromed. Toutefois, Jeannot Krecké estime qu'" il n'y avait pas de raison que cette démarche entamée en 1995 entre l'UE et ses partenaires méditerranéens ne continue pas ". La réunion de Skhirat est la première du genre et intervient à quelques mois du sommet Euromed prévu en novembre prochain à Barcelone. Elle vise à définir les voies et moyens de relancer le processus de partenariat lancé en 1995 dans la capitale catalane, notamment son volet financier. De son côté, le Premier ministre, Driss Jettou, estime que les pays méditerranéens attendent un soutien financier et technique plus conséquent de la part de l'Union européenne. « La Politique Européenne de Voisinage (PEV) doit être "un complément" du processus de Barcelone », estime Driss Jettou. Le Premier ministre a également réitéré l'attachement des Méditerranéens au processus de Barcelone et à ses principes fondateurs, estimant que l'édification d'un ensemble régional solide revêt "un caractère vital" dans le contexte de la mondialisation. « Aujourd'hui plus que jamais, il faut conférer une nouvelle impulsion à la dynamique de Barcelone et lui procurer la visibilité nécessaire dans le nouveau contexte de l'Union européenne élargie et à la lumière des développements récents de l'économie mondiale ", mentionne le Premier ministre marocain. Selon certains analystes, le processus de Barcelone a assurément manqué de dimension politique. Partant de fait que les besoins des différents pays bénéficiaires ne sont pas identiques, les avoirs placés sur le même pied d'égalité a biaisé la donne. Opter pour des critères de différenciation pourrait mieux permettre au processus de Barcelone d'atteindre ses objectifs. Certains vont jusqu'à plaider en faveur de la révision du processus dans son intégralité. Concernant la rencontre de Skhirat, Driss Jettou s'est réjoui de la décision d'en faire " l'occasion de dresser un premier bilan économique du processus de Barcelone et de réfléchir sur les perspectives ouvertes par la nouvelle politique de voisinage de l'Union ". Pour la délégation européenne, la réunion de Skhirat ne devait pas répéter les idées déjà exprimées pour la relance du processus de Barcelone, mais les "affiner et les concrétiser" pour les soumettre au prochain Sommet Euromed prévu en novembre 2005 à Barcelone. Soulignant l'importance que l'UE accorde au volet économique et financier du partenariat Euromed, M. Krecké a affirmé que ce volet avait occupé la moitié des textes adoptés par la conférence des ministres des Affaires étrangères. Parmi les questions auxquelles cette conférence a accordé son attention, le ministre a cité celles liées à la libéralisation, au problème des investissements, aux ressources financières, à l'articulation entre le partenariat et la Politique Européenne du Voisinage (PEV), à l'éducation et à l'environnement. Le ministre luxembourgeois a évoqué la réunion de Skhirat pour dire qu'il s'agissait de "compléter" le dispositif financier de la FEMIP (Facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat), espérant que cette réunion "deviendra une tradition, car tout processus qui connaît des difficultés a forcément besoin d'une relance ". Enfin, le commissaire de l'Union européenne en charge des affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia, en a appelé au renforcement de la coopération entre les pays de l'UE et les PPM afin d'améliorer le climat des affaires de ces derniers, renforcer l'ouverture du commerce, promouvoir la bonne gouvernance et consolider la stabilité macro-économique. Le haut fonctionnaire communautaire a souligné la nécessité d'élaborer des politiques structurelles pour relever les différents défis économiques dans la région, en particulier la faiblesse de la croissance dont le taux le plus élevé depuis 1998 est de 4,5 %, le chômage des jeunes ou encore les contraintes liées à la concurrence grandissante des partenaires asiatiques.