Au fait il s'agit bien de l'acteur Mohamed Miftah, nouveau recru au club des réalisateurs sur place, les trois courts métrages sont : L'errant, Les pieds nus et L'autorisation parental. Au fait il s'agit bien de l'acteur Mohamed Miftah, nouveau recru au club des réalisateurs sur place, les trois courts métrages sont : L'errant, Les pieds nus et L'autorisation parental. De ces trois bébés/ films, dont la première s'est déroulée récemment au théâtre Mohammed V, un seul bijou s'est démarqué «L'errant», par la splendeur des paysages, la beauté naturelle des tableaux, que l'auteur nous laisse découvrir en suivant les traces du héros. Dans ce film Mohamed Miftah a donné la parole à l'image mixée avec un son qui va avec,ses vedettes désormais sont des reptiles ; une cobra majestueuse, des scorpions bien armées, un lézard bronzé et un seul et unique acteur, maquillé à la sauce africaine, rôle campé par Abdellah Baba qui nous rappelle d'ailleurs le héros du film botswanais «Les dieux sont tombés sur la tête» du réalisateur sud africain Jamie Uys, et que le héros n'est que le namibien N !XI la star bushman à la renommée internationale, mort en 2003. Notre «postman» traditionnel errant ; aux petites foulées derrière un mirage sans fin à la recherche de l'information, au profit des habitants des patelins éloignés,essoufflé et insouciant du danger qui le guette, n'a pas dit mot,seul son regard et attitude expriment sa volonté de rapprocher les siens plus de la fierté de faire office de rapporteur appelé jadis «rekkass» et c'est là où le réalisateur a marqué son point fort en dégageant une certaine force, éternelle qui attache, entre l'homme et la nature, une scène qui sombre dans le silence absolu dont seul le croassement des rapaces dérange. Dans les deux autres courts métrages, Miftah a surtout braqué sa caméra sur les pieds nus de ses acteurs, en grande majorité, des écoliers comme on en a beaucoup dans les régions les plus reculées et miséreuses du pays, pour nous rappeler cette tranche de population qui survit mais assoiffée du savoir. Des enfants et des parents dans un monde à part, en marge de la société, une société que Miftah, déjà en tant qu'acteur a dénoncé maintes fois, et semble beaucoup plus décidé à le refaire une fois réalisateur confirmé, puisque ces trois courts ne sont finalement qu'un visa de passage au long métrage qu'il compte réaliser. Les mêmes soucis le conduisent à filmer la vie d'un père de famille qui lutte pour assurer le minimum de vie pour ses trois enfants (rôles incarnés respectivement par Abdelkader Rguigue comme père, Rajaa Halouach, Zineb Meskani et Fahd Souiba comme enfants), dans un bidonville qu'on retrouve un peu partout dans le Maroc du 21ème siècle, devenus des références à l'échelle internationale en tant que refuge des terroristes. Des enfants qui n'ont comme moyen de distraction qu'une boîte à image qui ne s'allume qu'avec l'accord parental. Un sous-chapitre est également souligné dans ce court métrage de 11 minutes, celui de la position de l'image en face du livre, ce dernier lésé par la magie de l'audiovisuel, un point reflété par le regard des enfants consommateurs des images stéréotypes véhiculées par les séries télévisées, déchirés entre l'envie de voir ce qui se passe ailleurs et l'autocensure envers tout ce qui est tracé dans le registre des tabous d'une société, disons, conservatrice, la scène d'un baiser d'amoureux est d'ailleurs sujet de réflexion des enfants que le petit qualifie de «quellat lhia» ce qui veut dire la honte. Un discours bien inculqué dans l'esprit des enfants qui se trouvent devant des actes «interdits» au clair mais tolérés en cachette, symbole de l'hypocrisie sociale. Quant au film, «Les pieds nus» CM de 8 minutes 30, le réalisateur s'est basé sur les faits d'une anecdote pour cibler les pieds nus des écoliers mais aussi ceux de leurs parents et nous rappelle l'attitude d'un instituteur qui se trouve en classe en face d'enfants tiraillés entre le travail des champs auprès de leurs parents et le mode de vie trop modeste qu'ils mènent en tant qu'élèves, une situation réelle dont souffrent beaucoup de semblables au maître, rôle joué par Rachid El Ouali. Une expérience d'un acteur derrière la caméra qui se livre au jeu de l'«action» prenant part à toutes les opérations de la création d'un film, ce qui lui vaut la connaissance de tout ce qui se trame dans les coulisses de la production du 7ème art avec le pour et le contre. • Amina Barakat Rabat