Marquée par la présence, entre autres, du Premier ministre Driss Jettou, la cérémonie d'investiture de François Bozizé à la tête de la République Centrafricaine met fin à deux années de transition difficile et signe le retour de ce pays à la paix civile. François Bozizé est un homme comblé. Porté par la force, et par le biais d'un putch, à la tête de la République Centrafricaine (RCA) en 2003, ce général d'armée bon chic bon genre vient de se voir investir à la tête de la République. Ayant remporté haut la main les élections présidentielles organisées le 8 mai dernier, M. Bozizé a été officiellement et solennellement investi de ses fonctions. C'était lors d'une cérémonie organisée samedi dernier au Palais de l'Assemblée nationale à Bangui et à laquelle ont assisté plusieurs représentants de pays étrangers, dont le Maroc à travers la participation du Premier ministre Driss Jettou. Dans une allocution prononcée pour la circonstance, M. Bozizé, 58 ans, a d'emblée annoncé la couleur: «Notre chère patrie arrive au terme du processus de rétablissement de la démocratie constitutionnelle véritable, naguère battue en brèche. Tourner la page sombre de notre histoire a été long, douloureux et parsemé d'embûches, dont la plus importante était la méfiance». Et pour cause, l'élection à la tête de l'Etat de M. Bozizé marque la fin de deux ans de transition, issue du coup d'Etat qui l'avait porté au pouvoir le 15 mars 2003 et émaillée de plusieurs crises et d'un processus électoral chaotique, dans un pays à l'histoire marquée par des années de violences politiques qui ont mis son économie à genoux. François Bozizé avait remporté la présidentielle avec 64,6% des voix face à l'ancien Premier ministre Martin Ziguélé, deux ans après avoir renversé le chef de l'Etat élu Ange-Félix Patassé. Ce qui est remarquable, c'est lorsque le pays, exsangue après des années de crises politico-militaires à répétition, passait par un processus électoral plusieurs fois menacé et retardé par des crises récurrentes et en dépit d'une organisation chaotique lors du premier tour, la campagne électorale et les deux tours de scrutin se sont déroulés sans incident majeur. Même le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, avait «fait l'éloge» à l'époque des électeurs centrafricains, soulignant que ce scrutin mettait un terme au processus de transition avec «succès» et de façon «pacifique». Bozizé a, dans ce sens, le mérite d'avoir remis son pays sur les rails. Marquant un retour à la paix, à la sécurité, bien que précaire, et à la légalité républicaine, le pays, jadis abandonné aux seigneurs de guerre, revient également au partenariat avec la communauté internationale. Un partenariat amorcé il y a un peu plus d'un an, dans l'enclenchement même du processus électoral. Ce qui a permis un renouvellement démocratique du Parlement et de l'Exécutif. Le pays s'est également doté d'une nouvelle loi fondamentale qui organise la vie politique. Les acquis du général Bozizé s'étendent, par ailleurs, dans sa politique étrangère, notamment à l'égard du Maroc. Dès son investiture, et lors même de la cérémonie précitée, François Bozizé a tenu à souligner le nouveau pas que sont en train de franchir les relations entre le Maroc et la République centrafricaine. Dans une déclaration à la TVM, M. Bozizé s'est félicité de l'intérêt qu'accorde SM le Roi Mohammed VI au peuple et au gouvernement centrafricains marquant sa satisfaction du niveau de partenariat atteint jusque-là entre les deux pays. Le Premier ministre, Driss Jettou, qui a représenté SM le Roi à cette cérémonie d'investiture, a souligné que la participation du Maroc aux festivités organisées par ce pays africain frère reflète la solidité des liens unissant les deux pays, d'autant plus, a-t-il dit, que la République centrafricaine «soutient avec force» l'intégrité territoriale du Royaume.