À un mois du sommet du G8, les ministres des Finances des pays riches ont marqué un tournant historique en annonçant l'effacement de la dette de 18 pays pauvres. Les huit pays les plus industrialisés du monde (G8) sont parvenus à un accord sur l'annulation immédiate de la dette de 18 pays pauvres pour un montant estimé à 40 milliards de dollars. «Je peux confirmer que les ministres des Finances du G8 se sont mis d'accord sur une annulation de 100% de la dette des pays pauvres très endettés» à l'égard des grandes institutions financières internationales, a déclaré le ministre britannique des Finances, Gordon Brown, qui présidait la réunion. Réunis à Londres, les ministres des Finances de pays du G8 se sont félicités de l'accord le qualifiant d'historique. «C'est un résultat d'une portée historique», a estimé le secrétaire américain au Trésor, John Snow. Il s'agit d'un grand succès, a déclaré le ministre français Thierry Breton. En vertu de cet accord, 18 pays vont immédiatement bénéficier d'une annulation de leur dette envers le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD). Cette annulation s'élève à 40 milliards de dollars. Les 18 pays en question sont : le Bénin, la Bolivie, le Burkina Faso, l'Ethiopie, le Ghana, le Guyana, le Honduras, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Mozambique, le Nicaragua, le Niger, le Rwanda, le Sénégal, la Tanzanie, l'Ouganda et la Zambie. Ces pays ne seront pas les seuls qui bénéficieront d'une annulation de la dette. En effet dans les 12 à 18 prochains mois, neuf autres pays profiteront d'une mesure similaire, pour 11 milliards de dollars. Onze pays supplémentaires pourront aussi bénéficier d'une annulation de 100% de leur dette, pour un montant de 4 milliards de dollars, une fois qu'ils auront rempli les critères nécessaires. Ainsi, l'annulation de la dette pourra s'élever au total à 55 milliards de dollars, dont 6 dus au FMI, 44 à la Banque mondiale et 5 à la BAD. L'accord d'annulation de la dette des pays pauvres intervient quatre jours après une visite du Premier ministre britannique Tony Blair à Washington. À présent, il est clair que les discussions entre Blair et Bush ont pesé lourd dans la balance. En effet, la proposition américano-britannique ébauchée mardi à la Maison-Blanche, soutenue par le Canada, a servi de fondement aux négociations de ces derniers jours, la France et l'Allemagne plaidant pour que l'annulation de la dette préserve les moyens d'actions de la Banque mondiale et de la BAD, chaque dollar de dette effacé devant être remplacé à leurs yeux. Au final, l'accord prévoit que les pays riches compenseront la perte des remboursements des pays pauvres envers ces deux institutions. S'agissant du FMI, il devra faire face avec ses propres ressources et, en cas de difficulté, les pays donateurs apporteront leur aide financière. Par ailleurs, les organisations non gouvernementales (ONG) se sont félicitées de l'annonce. Ils ont cependant appelé à la vigilance quant à la mise en oeuvre dudit accord. Les chanteurs irlandais Bono et Bob Geldof, figures de proue de la lutte contre la pauvreté en Afrique, ont eux aussi salué l'accord. «Pour la première fois dans leur vie, 280 millions d'Africains se réveilleront demain sans devoir le moindre penny de ce fardeau de la dette qui les handicape, ainsi que leurs pays, depuis si longtemps», a déclaré Bob Geldof, l'organisateur des concerts du "Live 8".