La capacité du réseau d'assainissement liquide, long de 6.800 km, ainsi que les 160 stations de pompage et les 140 bassins de rétention des eaux pluviales, n'ont pas été en mesure d'absorber les quantités d'eau qui se sont abattues sur la grande métropole en si peu de temps. Malgré quelques éclaircies, la ville de Casablanca est encore dans une situation préoccupante. Afin d'éclairer l'opinion publique, la Lydec a organisé mardi une conférence de presse pour dresser le bilan des pluies exceptionnelles qui se sont abattues sur le Grand Casablanca du 6 au 11 janvier. Les pluies enregistrées ont été caractérisées par leur forte intensité sur des durées courtes avec une hétérogénéité dans l'espace. Durant cette période, un maximum cumulé de 250 mm sur cette même période a été enregistré. Selon la Lydec, cet événement pluvieux représente à lui seul 69% des pluies d'une année. Par conséquent, le délégataire explique que les débordements constatés sont essentiellement dus à la saturation des réseaux sur des points sensibles ne permettant pas d'absorber des pluies de forte intensité et des zones non encore équipées en réseaux d'assainissement pluvial. Interventions sur le terrain Si cet épisode pluvial est qualifié d'exceptionnel, il est l'occasion de vérifier si les installations font et feront bien leur tâche. Dans ce sens, la Lydec indique n'avoir lésiné sur aucun moyen humain et matériel pour faire face à la situation en mobilisant près de 800 agents toutes catégories confondues 24h/24 sur le terrain des opérations et plus de 300 unités (matériel de toutes sortes : hydrocureuses, aspiratrices, camions mini-cureurs, pompes et motopompes, véhicules...) pour travailler sur les différentes interventions relatives au réseau d'assainissement, sans parler des 300 collaborateurs mobilisés en back-office. Le nombre d'interventions a atteint, du 5 au 11 janvier, le nombre record de 7.887 dont 85% achevées. Le centre de relation clientèle a quant à lui reçu, depuis le 5 janvier, 40.200 appels et a renforcé sa capacité pour gérer l'afflux. Programme d'entretien et de curage des réseaux et des ouvrages Le directeur général, Jean-Pascal Darriet, a été formel sur ce point. La capacité du réseau d'assainissement liquide, long de 6.800 km, ainsi que les 160 stations de pompage et les 140 bassins de rétention des eaux pluviales, n'ont pas été en mesure d'absorber les quantités d'eau qui se sont abattues sur la grande métropole en si peu de temps. En clair, les débordements relevés sont dus aux zones non encore équipées en réseaux d'assainissement pluvial et à la saturation des réseaux sur des points sensibles ne permettant pas d'absorber les pluies d'une forte intensité. Pour remédier à cette problématique, la Lydec a souligné qu'elle mène plusieurs actions préventives pour entretenir les ouvrages et renforcer la capacité de transfert du système de collecte des eaux usées et pluviales, notamment des tournées systématiques avant, pendant et après chaque pluie au niveau de tous les points sensibles pour s'assurer de leur bon fonctionnement et effectuer des opérations d'entretien au besoin. Ce programme de curage préventif des réseaux est mis en place pour disposer de la pleine capacité des collecteurs d'assainissement et prévenir les débordements. En 2020, près de 30.000 tonnes de sédiments correspondant à divers déchets contenus dans le réseau et les ouvrages ont été extraites. Quid des investissements ? Les projets d'investissements de Lydec sont encadrés par les dispositions du contrat de gestion déléguée. Depuis son démarrage en 1997, la gestion déléguée a investi près de 26 milliards de dirhams dont environ 45% dédiés à l'assainissement liquide qui ont permis de résorber de nombreux points d'inondations (le DCO qui a résorbé le point noir à El Fida, le bassin d'orage enterré de Derb Diwane à Aïn Chock...). «Les engagements d'investissements contractuels de Lydec ont été respectés et se poursuivront dans les années à venir selon les modalités du contrat de gestion déléguée et dans le respect du schéma directeur de l'assainissement liquide», rappelle le top management. L'évolution urbanistique du Grand Casablanca à deux vitesses L'une des grandes problématiques soulevées lors de cette conférence mettait en exergue l'accroissement rapide de la capitale économique qui va plus vite que la capacité de ses réseaux d'assainissement. Dans le cadre de l'élaboration du Plan de développement du Grand Casablanca, cette problématique a été partagée en septembre 2014 avec les autorités nationales et locales. A cette occasion, il a été acté que les besoins d'investissements en assainissement pluvial à l'horizon 2027 s'élevaient à environ 15 milliards de dirhams. Une des solutions de financement avait fait l'objet d'une convention en septembre 2014, c'est l'harmonisation des périmètres de distribution de la gestion déléguée qui, pour l'instant, n'a pas pu être mise en œuvre.