Réuni lundi, le Conseil d'administration du CHU Ibn Rochd de Casablanca s'est tenu dans l'optique de dresser, entre autres, ses bilans annuel et prévisionnel. À tout seigneur tout honneur. Le Conseil d'Administration du Centre Hospitalier Universitaire Ibn Rochd, réuni lundi 1er décembre au siège de la direction générale du CHU en question, fut, ainsi, présidé par Mohamed Cheikh Biadillah, ministre de la Santé. Les membres dudit Conseil, ainsi que l'ensemble des intervenants et des responsables syndicaux, avaient bien du pain sur la planche, dans la mesure où moult points figuraient dans l'ordre du jour. La tâche consistait, principalement, en la présentation du projet du budget et du plan d'action pour l'année 2004, ainsi que du projet de résolutions pour le Conseil d'administration. L'assemblée s'est également attelée à dresser l'état des lieux relatif aux réalisations des engagements contenus dans le contrat-plan 2003-2004 du CHU et, finalement, à dévoiler l'état d'avancement des projets de construction entamés au sein du CHU Ibn Rochd. D'autres questions, gravitant autour du secteur de la santé et ne figurant pas au programme de ces assises, allaient surgir pour faire l'objet de débats, comme il est légion dans tout Conseil d'administration. Ceci étant, les principaux indicateurs, notifiés sur le rapport du Conseil d'administration, font ressortir une évolution distincte quant aux propensions de l'établissement, entre autres constats. Les prestations et autres actes médicaux- consultations, interventions chirurgicales, accouchements, etc. -sont également sujets à des impulsions palpables. Une progression qui culmine parfois jusqu'à 9,88%, comme c'est le cas pour les soins dentaires, ou les examens de radiologie qui, pour leur part, devraient enregistrer, en 2004, un accroissement de 4,14% par rapport à l'année 2003. Par ailleurs, le budget de fonctionnement inhérent aux soins et diagnostics d'une part, et à la maintenance de l'autre, devrait connaître une progression respective de 1,11% et de 5,45%. En revanche, constat louable, le budget de fonctionnement de l'administration pour 2004 devrait, quant à lui, faire un net pas en arrière en comparaison avec l'année en cours, avec une régression estimée à 6,69%. En dirhams, cela donnerait quelque 5,23 millions contre près de 7,26 pour l'année 2003. Cependant, mis à part les chiffres, puisque le rapport du Conseil d'administration en regorge, les interventions qui ont ponctué ce symposium étaient d'une pertinence manifeste. Une multitude de questions furent soulevées, faisant référence aux maux dont souffre le secteur vital de la santé. Ainsi, Mme Tricha, doyen de la faculté de chirurgie dentaire, a mis l'accent sur le danger que représente l'exercice illégal de la médecine, un phénomène en prolifération constante au Maroc, soulignant, au passage, les difficultés liées aux besoins de formation et aux conditions de travail. Le Pr. Farouki, doyen de la faculté de médecine, avait rappelé la mission qui incombe au CHU, celle de médication et de recherche, évoquant la possibilité de contracter une sorte de crédits ou de contrats location-achat, sinon d'autres formules susceptibles de pallier le manque patent de moyens. Pour sa part, M. Âraoui s'était réjoui de la présence, pour la première fois, du patron du ministère de tutelle à ce Conseil d'Administration. Celui-ci a également souligné le préjudice que causait l'absence de coordination entre les hôpitaux, ainsi que la proscription du budget pour la recherche, estimé à 1 million de dirhams. Prenant la parole, Mme Bouâyad a insisté sur la nécessité du raffermissement des relations du département de la santé avec celui des collectivités locales et sur la répartition des ressources humaines. En écologiste patentée, Mme Bouâyad avait mis l'accent sur les déchets médicaux, dont la gestion constitue une véritable problématique, notamment au niveau du secteur privé. L'environnementaliste avérée n'a pas manqué de souligner l'importance des espaces verts et leur impact indéniable dans un contexte similaire à celui de la santé. Une fois la plaidoirie des intervenants arrivée à terme, Mohamed Cheikh Biadillah prit la parole afin de désaltérer la soif qui se faisait ressentir à tous les étages. Le ministre de la Santé avait ainsi souligné que progrès il y avait, et qu'il fallait entretenir cette mise à niveau tangible tout en profitant des outils mis à disposition. Le ministre a tenu à rappeler que les projets figurant sur le planning n'étaient pas abolis, mais qu'il était de priorité d'améliorer les structures déjà existantes. M.Biadillah avait, en outre, mis en exergue la nécessité de la régionalisation de l'activité de son ministère. Le ministre a cependant insisté sur le renforcement du budget de la recherche, estimant que cela revêtait une portée cruciale. «Il faudrait garder un œil rivé sur la recherche-développement car ce dossier est d'une importance capitale», avait souligné Biadillah, passant en revue les projets existant entre le Royaume et la République de Chine, notamment sur des recherches concernant les plantes médicinales. «Lorsque l'on a des projets bien ficelés, avec une bonne vision et des objectifs bien précis, les débouchés sont automatiquement clairs et le financement de facto octroyé», avait-il indiqué, insistant sur la nécessité de se monter inventif. Mohamed Cheikh Biadillah a entre-temps condamné le drainage des malades vers le secteur privé par des médecins peu consciencieux, rappelant la circulaire que son ministère avait émis dans l'optique de dissuader les praticiens d'opérer dans le secteur privé. Le ministre a également insisté sur la nécessité d'améliorer l'accueil et la prise en charge des malades. «On devrait plutôt les accueillir avec le sourire, plutôt que de le faire avec un œil inquisiteur», avait indiqué le ministre, soulignant qu'une rémunération correcte du corps médical aurait le mérite d'enfanter de bons résultats dans ce sens. Par ailleurs, la gravité que représentent les déchets médicaux, notamment ceux résultant de la médecine nucléaire, a également été abordée par Biadillah. Ce dernier avait solennellement déclaré avoir saisi le wali dans ce sens. Lui emboîtant le pas, Le Pr. Mohamed Andaloussi, directeur du CHU Ibn Rochd, avait aussi versé dans ce sens afin de rassurer l'auditoire sur les actions entreprises pour soulitionner le problème des déchets. Andaloussi a par ailleurs souligné que l'amélioration de la prise en charge des malades constituait le cheval de bataille du CHU. Dans ce contexte, le directeur du CHU avait mis l'accent sur la prochaine suppression des grandes salles, d'une capacité de huit places, qui céderont la place à des chambres à deux personnes, voire des chambres individuelles. La mise à niveau du service, ainsi que le redéploiement du personnel des collectivités locales ont également été abordés par Mohammed Andaloussi, qui se veut rassurant sur tous les plans.