A moins de deux tours de l'arrivée, Fernando Alonso se retrouve vainqueur du GP d'Europe qui s'est déroulé le week-end dernier sur le circuit du Nürburgring. Pourtant, Kimi Räikkönen avait mené durant toute la course. Au Nürburgring, on est presque dans le jardin de Mercedes. En effet, ce circuit mythique est situé à quelques kilomètres de Stuttgart, là où siège la marque à l'étoile. Cependant, le «Nürbur'» est surtout connu pour être «LE» circuit où des véhicules hautes performances (Porsche et versions «M» de BMW) effectuent leurs premiers tours de roues. Outre ces essais-constructeurs, le Nürburgring abrite également, le Grand Prix d'Europe, 7ème épreuve du Championnat de Formule 1. Une course très attendue ces derniers jours, d'autant plus qu'elle enregistre deux particularités. D'une part, le retour de l'écurie Bar-Honda, qui avait été suspendue pour tricherie. Et d'autre part, l'entrée en application du dernier ajustement du nouveau règlement, qui concerne les essais qualificatifs, désormais réduits à une seule séance, prévue la veille de l'épreuve finale. De quoi changer bien des choses… Et justement, après l'unique vague des «qualifs», c'est Nick Heidfeld (BMW-Williams) qui réussit à décrocher la pole position, devant le Finlandais Kimi Räikkönen (McLaren-Mercedes), qui, lui, avait réussi à s'élancer premier lors des trois précédents GP (Imola, Barcelone et Monaco). Qu'à cela ne tienne. Car, lorsque les cinq feux rouges s'éteignent (signal du départ), vers 14 heures, Kimi prend très vite le devant sur l'Allemand, placé en pole. Encore plus mouvementé, le premier virage verra l'autre BMW-Williams, conduite par Mark Webber freiner trop tard, puis provoquer un léger carambolage. C'est fini pour l'Australien (Webber), tandis que les monoplaces de Takuma Sato (Bar-Honda) et de Ralf Schumacher (Toyota) sont touchées et se redirigent vers leur stand. Quant à Jarno Trulli (Toyota), David Coulthard (Red Bull Racing), Fernando Alonso (Renault) et Giancarlo Fisichella (Renault), bien partis, se lancent à la poursuite des deux leaders. Michael Schumacher (Ferrari), lui, se retrouve très vite 14ème après avoir pris le départ à partir de la cinquième ligne. Schumi revient en 11ème position, mais reste devancé par son coéquipier Barichello, qui pointe en neuvième position. Commencent alors les premiers ravitaillements, qui s'effectueront durant les 25 premiers tours. D'abord Barrichello, Heidfeld puis Coulthard. Alonso se retrouve second, puis premier, mais pas pour longtemps, puisqu'il n'a pas encore fait son premier arrêt au stand (nous sommes au 23ème tour). La course peut alors dessiner son profil : «Iceman» (surnom de Räikkönen) reprend la tête du peloton, suivi par Heidfeld et Alonso. Le Finlandais applique alors sa stratégie consistant à ne pas se contenter de rester en tête, mais à creuser le maximum d'écart avec ses challengers. Et il réussit remarquablement. A 35 tours de l'arrivée, soit presque après la moitié de la course, Kimi est à 4 secondes de Heidfeld (second), 18 sec d'Alonso (troisième) et 45 sec d'un certain Michael Schumacher (septième) ! Mais la BMW-Wiliams du challenger (Heidfeld) résiste et réduit l'écart à un peu plus de 2 sec. Mais au 34ème tour, Iceman manque de rigueur. Il freine tard, bloque ses roues et vire trop large. Après cette légère sortie de piste, il parvient à repartir, mais a perdu de précieuses secondes et… malmené les trains roulants de sa McLaren. Ralf Schumacher, lui, aura en revanche, moins de chance durant ce même tour. L'allemand, alors 14ème, dérape sur le vibreur fait un gros tête-à-queue, puis embarque sa Toyota TF105 de l'autre côté sur le gravier. C'est l'abandon pour lui. Mais c'est aux devants de la course, que les choses vont très vite se dégrader. En effet, pour Alonso comme pour Räikkönen, le pneu avant droit va vite montrer son usure. Car, malgré une température ambiante clémente (24 degrés Celsius), l'asphalte du Nürburgring reste assez chaud oscillant entre 41 et 44 degrés. Les 15 derniers tours vont alors être le théâtre d'une lutte acharnée entre les deux pilotes, qui effectueront tour à tour leur second arrêt au stand. A cinq tours de la fin, l'écart entre les deux leaders se ressert de plus en plus : 4,9 sec, 4,4 sec, 2,2 sec… C'est plus qu'évident : le pneu avant droit de la McLaren-Mercedes est vraiment très usé et Räikkönen en grosse difficulté. Puis, à moins de deux tours de l'arrivée, coup de théâtre : le pneu, arrivé à sa limite et ayant subi trop de vibrations, engendre une rupture de suspension. Spectaculaire, la monoplace de Räikkönen devient incontrôlable et termine sa course dans le gravier, puis dans le décor. Fernando Alonso, peut alors entamer le dernier tour, victorieux. Il s 'impose donc devant la BMW-Williams de Nick Heidfeld et la Ferrari F2005 de Rubens Barichello. Le pilote espagnol marque ainsi sa quatrième victoire de la saison et la cinquième pour le Renault F1 Team. De ce fait, Alonso (59 points) comme Renault (76 points) restent leaders des classements F1, pilotes et constructeurs, pour la saison actuelle.