La ville du détroit a abrité, du 24 au 29 mai, la sixième édition du Festival Tanjazz. Un évènement qui a été marqué par la prestation d'illustres Jazz-men. Le surnom «capitale de jazz» s'adpate de plus en plus à la ville de Tanger. Né en 1942 à Casablanca suite au débarquement des soldats américains, le jazz ne s'est véritablement épanoui qu'à Tanger. À l'époque, cette ville était internationale, et a connu le passage de plusieurs figures de jazz américains, dont le célèbre Jimmy Hendrix. Aujourdhui, Tanger reste attachée à cette renommée qui a fait d'elle un véritable foyer de la musique jazz. Ce serait pour cette même raison que les initiateurs du festival Tanjazz ont pensé à élire domicile à la perle du Nord. Cette manifestation a eu lieu cette année du 24 au 29 mai avec au programme plusieurs noms venus des quatre coins du globe. Au total, ce sont 21 groupes qui se sont produits dans diverses places reservées à l'évènement. Les jardins de la Mandoubia, le parking de Marjane ou encore la place de la gare ONCF ont abrité des concerts où le jazz était à l'honneur. Mais les festivaliers retiendront sans aucun doute les têtes d'affiche de cet évènement. Parmi ces noms qui ont marqué de leur sceau le Tanjazz 2005 figurent ,entre autres, Ronald Baker, Nina Van Horn, Omar Sosa… Ce dernier a plongé les spectateurs vendredi dernier dans ses improvisations où ses racines cubaines ont pris le dessus. Il a impressionné les festivaliers par sa prestation aux jardins de la Mandoubia. Les rythmes de ce musicien sont nourris de l'essence gnaouie. Il avait lui-même déclaré à la presse internationale : «Je m'abreuve de toutes les sources des musiques afro parce qu'elles sont pétries d'une seule et même spiritualité”. Une influence que l'artiste n'a pas manqué de dévoiler avec magie lors de son concert aux jardins de la Mandoubia. Omar Sosa a également démontré qu'il était un as de l'improvisation, une technique propre aux Jazz-men et auquelle il se livre avec art. Dans une de ses inteviews, il avait déclaré : «Les improvisations découlent à la manière d'une transe de la «santeria» dans une liberté absolue”. Libre était Omar Sosa, que le public tangérois a écouté avec vive attention. Mise à part la prestation de Omar Sosa, le public retiendra également les magnifiques et si entrainantes rytmiques d'Ayoka, une formation hétéroclyte dont les cinq membres manient à souhait l'art de la fusion. Venus du pays du soleil levant, les Japonais de Yukata Shiina Trio transportèrent leur public, nombreux et curieux à la fois, dans un long voyage musical aux allures d'expérience inédite. Plus proche de nous, mais tout aussi mémorable, la participation de Salah Reggab et les Egyptiens du Cairo Jazz Band, ainsi que celle de Tawfik Ouldammar Band fûrent un vrai régal. Côté terroir, on écouta avec délectation les folles mélopées de Hoba Hoba Spirit, les énergiques couplets des rappeurs meknassis H'kayne et les très éthniques partitions de Darga, trois formations marocaines dont les concerts gratuits enregistrèrent des records d'affluence. Selon le directeur de ce festival, Philippe Lorin, le nombre de visiteurs « a connu cette année une augmentation de 30% ». Les touristes étrangers sont également venus en masse cette année. Un groupe de 135 touristes européens aurait franchi le détroit spécialement pour assister à ce festival. Un festival qui a été axé cette année sur une programmation cosmopolite avec la participation de formations de nationalités différentes. Un caractère qui semble encore une fois se marier avec la renommée internationale de Tanger. Tanjazz s'est clôturé dimanche soir avec les rythmes et les mélodies des «Séquana Swing». Une formation de trois musiciens qui partagent tous la même passion pour le Jazz de New Orléans.