La situation financière des agriculteurs est actuellement au cœur des préoccupations du gouvernement. D'une part, il y a l'adoption de mesures pour assurer une commercialisation optimale des céréales et, d'autre part, le dossier de l'annulation de la dette de 100.000 agriculteurs. Améliorer le revenu des agriculteurs. Tel est le principal objectif des récentes mesures visant à assurer la commercialisation des céréales dans les meilleures conditions possibles. C'est ce qu'a bien souligné Mohand Laenser, ministre de l'Agriculture, du Développement rural et des Pêches maritimes, lors d'une intervention durant la séance des questions orales posées à la Chambre des représentants. Concrètement, les mesures adoptées par le département de M. Laenser stimuleront les agriculteurs pour s'activer lors des opérations de récolte des semailles l'automne prochain. Et de préciser que l'intervention de l'Etat se situera au niveau de la commercialisation de la production (notamment de la farine enrichie) et de la garantie d'une protection douanière nécessaire au produit national. C'est là une garantie quant à assurer, certes indirectement, un revenu aux agriculteurs marocains spécialisés dans cette culture. Pourvu que la prochaine saison soit bonne sur le plan pluviométrique. A ce titre et pour parer aux conséquences d'une éventuelle sécheresse, le ministère de l'Agriculture élabore actuellement tout un programme spécifique à même de répondre aux besoins de base de la population dans les zones rurales affectées par les conditions climatiques. Conscient que certains indicateurs n'excluent pas la donnée sécheresse, M. Laenser a rappelé que la superficie des terrains ensemencés en blé dur et tendre, ainsi qu'en orge a atteint 1,5 million hectares, soit une baisse de 4% par rapport à la saison précédente. Ceci d'autant plus que la saison en cours s'est avérée légèrement en deçà des prévisions initiales. Du moins celles escomptées par la loi de Finances. En effet, celle-ci était partie sur la base d'une récolte moyenne de 60 millions de quintaux. Or le volume global réalisé n'oscillera que de quelque 36 millions de quintaux, ce qui rend l'option de l'importation inévitable. D'ailleurs et à cet effet, un décret d'exonération des droits de douane à l'importation de l'orge a été adopté. En outre, et c'est l'une des principales mesures visant à atténuer les effets de la sécheresse, l'annulation des crédits pour 100.000 petits agriculteurs est en passe d'être faite. Plus précisément, et selon la dernière intervention du premier ministre Driss Jettou, au Parlement, les poursuites contre les agriculteurs n'ayant pas payé leurs arriérés seront arrêtées et les intérêts de retard ne seront pas pris en compte. Cette décision (d'annulation) qui devrait coûter à l'Etat la bagatelle de 3 milliards de Dhs, a bien été saluée par les différents intervenants. Ainsi, lors d'une sortie médiatique récente, le président du Directoire du Crédit Agricole du Maroc (CAM), Tariq Sijelmassi, a estimé que cette décision «ne peut être que bénéfique pour la banque», puisqu'elle libère le CAM d'une charge de travail. Avant d'ajouter que cela n'aura aucune incidence quant à retarder le processus de réforme du Crédit Agricole. Dans ces propos, M. Sijelmassi a également rappeler qu'il s'agissait de répondre à la volonté des hautes autorités de l'Etat. «Par cette annulation, nous répondons d'abord à une instruction royale et à une préoccupation du gouvernement», a-t-il déclaré. Et d'expliquer : «cette mesure s'imposait d'un point de vue social, car à travers le recouvrement qui fait partie de notre métier, nous allions exercer une pression insoutenable sur une population démunie avec à la clé poursuites et saisies sur récolte». Outre cette annulation de dettes, le gouvernement n'a pas manqué de travailler sur une question toute aussi primordiale pour les cultivateurs, à savoir la reconversion agricole. En effet, le département de M. Laenser compte débloquer une enveloppe de 3,5 milliards de Dhs destinée à encourager les agriculteurs à se tourner vers le plantage de l'olivier, du caroubier, ainsi que des plantes médicinales et biologiques. Comment ? Par le biais du crédit. Mais ces prêts seront sans intérêts durant toute la période nécessaire à ces cultures pour donner leurs premiers fruits, c'est-à-dire cinq ans. Et pour cause, les intérêts intercalaires seront pris en charge par le gouvernement. Que de diligences et d'indulgence de la part du gouvernement pour ce secteur, toujours aussi vital pour l'économie marocaine.