La consolidation de l'endettement des agriculteurs par les pouvoirs publics est à ses premiers balbutiements. Le dispositif mis en place ne satisfait pas l'ensemble du secteur. L'Etat n'avait finalement pas trop le choix. Le faible niveau de pluviométrie enregistré les dernières années et la dégradation des conditions des petites et moyennes exploitations l'a poussé à prendre des mesures d'urgence pour le traitement du surendettement des agriculteurs. Ces mesures ont également pour objectif de limiter l'exode rural dont l'ampleur inquiète les pouvoirs publics. Initié en juin dernier par le Crédit Agricole, le dispositif d'allègement des dettes des agriculteurs commence à donner ses premiers fruits. Du moins, si l'on en juge par les derniers chiffres communiqués par la banque. A fin décembre 2002, plus de 70000 agriculteurs situés en zone bour ont bénéficié de l'opération de consolidation pour un encours global de 3,1 milliards de DH. Celle-ci continuera jusqu'au 31 mars 2002. Rappelons que le dispositif porte sur 146000 dossiers pour une enveloppe de 9,5 milliards de DH. Parmi ses principaux objectifs, l'adaptation du montant des échéances annuelles aux capacités réelles de l'exploitation, la réhabilitation de la culture du remboursement des crédits et le redressement de la situation financière de la banque. Auprès du Crédit Agricole, on précise par ailleurs que « les adhésions pour l'opération solde de tout compte restent encore faibles». Celle-ci prendra fin le 31 décembre 2002. Si ces résultats sont jugés encourageants par les responsables de la banque, ce n'est pas en tout cas l'avis des producteurs et des exportateurs des fruits et légumes. Ils estiment que le dispositif de règlement du surendettement initié par le Crédit Agricole ne s'adapte pas à l'ensemble de l'activité (voir article page 11). L'arrêt des poursuites judiciaires engagées notamment par la banque et d'autres organismes financiers figure en tête de liste de leurs revendications. Pour l'heure, la banque ne réagit pas aux doléances des producteurs et exportateurs de fruits et légumes. Les responsables du Crédit veulent d'abord mettre les bouchées doubles pour réussir l'opération du traitement du surendettement des agriculteurs. Pour ceux dont l'encours des crédits est gelé depuis 1996, le traitement porte sur l'annulation d'une partie de la dette variant entre 20 et 40%. En contrepartie, les bénéficiaires s'engagent à régler le reliquat. Concernant les agriculteurs en activité, la banque s'engage à annuler 40 % de l'encours et réechelonner le reliquat sur une période de 15 à 20 ans à un taux bonifié.