Mustapha Barroug quitte la direction générale de l'ODEP. Le nouveau DG, Mohamed Abdeljelil, issu de la Direction juridique du ministère de l'Equipement, aura à mener à bon port le difficile dossier de la réforme portuaire. Mustapaha Barroug quitte la Direction générale de l'Office d'exploitation des ports (ODEP). Le désormais ex-directeur général n'aura même pas eu le temps de faire ses valises. Accompagné du secrétaire général et de sa suite, Karim Ghellab, le ministre de l'Equipement a débarqué sur les lieux, mercredi 25 mai 2005, aux environs de huit heures du matin. La notification a été immédiate. Mustapha Barroug est prié de débarrasser les lieux avant dix heures. Une attitude sévère pour quelqu'un qui a passé quatre ans à la tête de l'Office et qui, au vu des résultats, est loin d'avoir démérité. Ce départ intervient à l'heure où une bonne nouvelle vient de tomber de l'Organisation maritime internationale. L'OMI vient en effet de retirer les ports du pays de la liste noire. Une manière pour cette instance internationale, sévère pour tout ce qui concerne les normes de sécurité et de sûreté portuaire, de reconnaître les avancées réalisées ces dernières années par le Maroc et les investissements consentis. A la tête de l'ODEP depuis quatre ans, Mohamed Barroug a été l'artisan de ces mutations. Les chiffres l'attestent. D'après le dernier Conseil d'administration tenu le 5 avril dernier, l'Office a connu une évolution de 9% entre 2003 et 2004. Les prévisions portuaires au titre de l'année en cours, voient une augmentation de 3,7% du trafic portuaire. Sur la période 2003-2007, l'investissement prévu porte sur 3,3 milliards de dirhams dont 180 millions réservés à la mise à niveau des ports et à la mise en place du Code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires. En 2004, l'ODEP a réalisé sans garantie de l'Etat, une première pour un établissement public, deux emprunts obligataires de 700 MDH et de 500 MRD pour financer en partie le coût de transfert de la caisse interne de retraite au RCAR. Interrogés, beaucoup d'armateurs voient en M. Barroug, un bon cadre, un homme technique, qui pourrait être un bon directeur pour le port de Casablanca. Car, assurent les opérateurs, c'est de ce port que dépendront les annotations de l'OMI et les appréciations des grandes compagnies internationales. «Il suffit en effet qu'une grande compagnie comme Maersk ait un problème de clandestins à bord de l'un de ses navires qui dessert le port de la capitale économique, pour que tous les efforts consentis dans la mise à niveau et la mise en place du code ISPS soient voués au néant. Le nouveau directeur général de l'ODEP, Mohamed Abdeljelil, jusque-là à la direction juridique au ministère de l'Equipement, hérite d'une situation assainie au niveau des Finances, d'un programme d'investissements conséquent, d'une extermination de la caisse de retraite conclue avec succès. Le ministère de l'Equipement a préféré sans doute confier l'opération de réforme portuaire à ce profil, un jeune diplômé des Ponts et Chaussées, qui connaît bien les détails des amendements sur lesquels bute le projet de loi portant transformation de l'Office en deux entités distinctes. Rappelons que le dossier de la réforme a été instruit de nouveau au Parlement, il y a trois semaines. De source proche, l'on apprend que l'hémicycle a exigé un accord écrit de la part des partenaires sociaux avant tout débat en son sein. Par la suite, le 19 mai les syndicats des cadres de l'ODEP ont écrit au Premier ministre, lui demandant son arbitrage pour débloquer la situation. Le lendemain, soit le vendredi 20 mai 2005, le secrétaire général du ministère, Abdeljabbar Yousfi, a rencontré l'ensemble des syndicats ODEP de 18 heures 30 à 22 heures à Casablanca. Sans résultats. Dans la journée du mardi, de nouvelles réunions auront lieu entre les deux partenaires . Mais cette fois-ci, Abdeljabbar Yousfi les recevra un par un. A la date d'hier, l'accord écrit demandé par le Parlement n'avait pas encore été signé. C'est dire que Mohamed Abdeljelil n'aura pas d'état de grâce.