L'organisation internationale pour la défense des droits humains, Amnesty International (AI, basée à Londres) a dénoncé l'impunité dont bénéficient les responsables des atteintes des droits de l'Homme en Algérie. Dans son rapport annuel de l'année 2005, AI qualifie cette impunité de principal obstacle au traitement des séquelles du passé. L'Organisation rappelle dans ce sens la proclamation par les autorités algériennes d'une amnistie générale dans le but déclaré de tourner la page sur plus d'une décennie de conflit, relevant que bien qu'aucune précision n'ait été fournie à cet égard, les déclarations de responsables algériens indiquaient que les autorités envisageaient d'accorder une immunité aux membres des forces de sécurité, des milices armées par l'Etat et des groupes armés, empêchant ainsi que les parties au conflit ne fassent l'objet de poursuites judiciaires pour des atteintes aux droits humains. AI déplore qu'aucune enquête exhaustive, indépendante et impartiale n'ait été menée en Algérie sur les atteintes flagrantes aux droits humains commises depuis 1992, notamment les milliers d'exécutions extrajudiciaires, d'homicides perpétrés contre des civils, d'actes de torture et de mauvais traitement ainsi que de disparitions. Amnesty rappelle, à cet égard, que les restes de plusieurs personnes ont été exhumés en janvier dernier d'une fosse commune dans la wilaya de Relizane (ouest), apparemment dans le but de dissimuler ou de détruire des preuves d'atteintes aux droits humains, notant que plus de 200 civils ont disparu entre 1993 et 1998 dans cette région où opérait une milice armée par l'Etat. AI relève, qu'un groupe d'experts internationaux a formé en novembre 2004 un ∏Tribunal permanent des peuples pour examiner la question des droits humains en Algérie, demandant au gouvernement algérien d'autoriser les mécanismes des droits humains de l'ONU de se rendre en Algérie pour y mener des enquêtes indépendantes sur les sévères violations des droits de l'Homme. Par ailleurs, AI critique les autorités algériennes qui n'ont pris, selon elle, aucune mesure concrète pour faire la lumière sur le sort des milliers de personnes disparues entre 1992 et 2003, ni pour apaiser les souffrances de leurs familles, dont beaucoup étaient confrontées à des difficultés économiques. Rappelant la mise en place en septembre 2003 d'une commission spéciale chargée d'interroger les familles des disparus pour savoir si elles accepteraient une indemnisation pour la disparition de leurs proches, Amnesty note que les organisations de défense des disparus ont dénoncé publiquement le manque de transparence de cette commission. Et Amnesty de souligner qu'aucune suite n'était donnée aux plaintes pour enlèvement et détention illégale, déposées devant les tribunaux algériens. Les autorités algériennes persistaient à nier toute implication des agents de l'Etat dans les disparitions, relève le rapport, ajoutant que les Algériens multipliaient les manifestations de mécontentement à propos des problèmes socioéconomiques et politiques, notamment le manque d'eau, le chômage et le déficit de logements ainsi que la gabegie et la corruption des pouvoirs publics.