Dans son rapport à propos de la situation des droits de l'Homme en 2007, Amnesty International fait état de graves violations en Algérie et dans les camps de Tindouf. L'Algérie et le Polisario rattrapés par leurs victimes. Dans son nouveau rapport annuel sur la situation des droits de l'Homme dans le monde, Amnesty International (AI) montre d'un doigt accusateur le pouvoir algérien et la direction du Polisario, avec à sa tête Mohamed Abdelaziz. L'acharnement du pouvoir d'Alger à verrouiller l'accès devant les défenseurs des droits de l'Homme internationaux illustre une volonté délibérée de maintenir le black-out sur les violations en série des droits les plus élémentaires chez le voisin de l'est. «En mai 2007, l'organisation a fait savoir au gouvernement (algérien) qu'elle souhaitait envoyer une délégation en Algérie, mais s'est vu refuser l'accès au pays», déplore AI. Pas plus tard qu'en avril 2007, la Sécurité du Polisario, avec la «bénédiction» de l'Algérie, avait enlevé deux journalistes australiens, Violeta Ayala et Daniel Fallshaw, après avoir réalisé que les deux reporters voulaient enquêter sur les pratiques de l'esclavage dans les camps de Tindouf. Dans un communiqué, Reporters Sans Frontières (RSF) a dénoncé l'enlèvement de ces deux journalistes, précisant que c'est grâce à l'intervention d'officiers des Nations unies que les deux journalistes ont pu quitter le camp de Rabouni et se rendre à Tindouf, d'où ils ont pris un avion pour la France quelques jours plus tard. «Les responsables d'atteintes aux droits humains commises les années précédentes continuaient de jouir de l'impunité», relève AI, faisant constater que «le Front Polisario n'a pris aucune mesure pour remédier à cette situation». Pas plus, d'ailleurs, que l'Algérie, qui a réussi le plus retentissant fiasco dans l'histoire des ratages en matière de respect des droits humains. «Les nombreuses atteintes flagrantes aux droits humains, et notamment les cas de torture, d'homicide, d'enlèvement et de disparitions forcées, commises depuis les années 1990 dans le cadre du conflit interne, et imputables aux groupes armés et aux forces de sécurité, n'avaient toujours fait l'objet d'aucune enquête», fait remarquer AI. Plus grave encore, «l'impunité a été renforcée par les lois d'amnistie promulguées en février par une série de décrets présidentiels, martèle AI, en faisant allusion à l'échec cuisant de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, critiquée, par ailleurs, par une opinion publique algérienne meurtrie par de longues années de violences. Pour cette dernière, cette Charte ne serait qu'une manière de «blanchir» les bourreaux qui sont toujours libres. Les familles des victimes, qui continuent de revendiquer la vérité sur le sort des leurs, ont rejeté l'offre d'indemnisation, «craignant que cette mesure ne vise à les faire renoncer à réclamer la vérité et la justice». Dans le chapitre des droits économiques, AI relève également de graves bavures. «Les revenus supplémentaires générés par l'augmentation du prix du pétrole et du gaz ont permis au gouvernement de rembourser environ deux tiers de la dette extérieure. Les institutions financières internationales ont averti que des réformes devaient être introduites sans délai pour diversifier la croissance et créer des emplois. Cette année encore, des mouvements violents de protestation ont eu lieu à propos de problèmes socioéconomiques, avec de très nombreuses allégations de corruption en toile de fond», indique AI. Un paradoxe qui explique le boycott massif des dernières législatives algériennes.