Alors que la marocanité du Sahara tient ses racines d'une réalité historique et des faits incontestables, le polisario continue de produire des récits infondés et contradictoires construits sur des discours de propagande. «L'organisation séparatiste qui réfute la marocanité du Sahara ne possède que des récits épars. Des récits basés sur des entretiens oraux et des semblants de rapports de réunions, postdatés généralement, des constatations et des déclarations de mémoire des uns et des autres, en l'absence d'une réelle production historique, archivistique et scientifique homogène et non partisane», explique une récente analyse de Policy Center for the New South baptisée «Le polisario : point d'histoire, plutôt un discours mémoriel» réalisée par Khalid Chegraoui, professeur titulaire d'Histoire et d'Anthropologie politique, et Nourreddine Jallal, docteur en Science Politique de l'Université Paris-I-Panthéon Sorbonne. Les auteurs de ce «policy paper» décryptent la question de l'origine et la production des différentes «histoires» liées à cette organisation et reviennent sur la création du polisario. Ce document met les évènements dans leur contexte et passe au crible les différents référentiels et aspects historiques de la naissance de ce mouvement séparatiste en mettant en lumière les ambitions de ses dirigeants. Cet exercice met également l'accent sur la contribution de certains pays de la région dans l'évolution des choses. Tribalisation pour imposer les diktats des dirigeants des camps Cette organisation séparatiste tente de légitimer la possibilité de l'existence de l'Etat hors du cadre imposant de l'histoire. Le fondement de l'approche du polisario souffre de l'absence de définition et de délimitation historiques, culturelles et économiques fonctionnelles qui légitiment l'existence ou la nécessité de la production de l'Etat dans une forme indépendante. Le polisario essaie de tribaliser le concept. Ce qui fera que la tribalisation sera le seul moyen de pouvoir continuer à imposer les diktats de la nomenclature dirigeante des camps. Le document fait référence à cette pratique ayant fait ses preuves de maintien de l'autoritarisme en Libye à partir de 1975 (dans un processus de tribalisation de l'Etat sous le régime Kadhafi). Par ailleurs, plusieurs facteurs déterminent l'histoire du polisario. Séquelles de la guerre froide «Au retour à l'atmosphère de la guerre froide, les choix idéologiques des pays de la région et leurs positionnements vont avoir des impacts, même post-guerre froide, sur les relations inter-étatiques dans la région. Le choix pro-occidental du Royaume du Maroc, par rapport au positionnement pro-soviétique de l'Algérie, en plus de la Libye de Kadhafi, soutenue à ses débuts par le régime nassérien, qui n'a pas manqué d'intervenir militairement et politiquement dans la région, surtout lors du conflit de la guerre des sables entre le Maroc et l'Algérie, pour le compte d'Alger, vont envenimer et pérenniser l'animosité maroco-algérienne depuis 1963 à nos jours», relève cette étude. D'autres éléments s'ajoutent à ce contexte comme par exemple le conflit sur le tracé frontalier entre les deux pays, les contradictions personnelles entre les décideurs algériens de l'Armée de libération populaire, à leur tête le président Boumediene, et le FLN, parti unique de l'époque, la présence des bases américaines au Maroc jusqu'en 1973, la présence cubaine en Algérie et sa participation au mouvement anti-marocain et la création des instances militaires et du renseignement du polisario. Les deux auteurs affirment que c'est dans la ville de Zouerate, en Mauritanie, que le polisario verra le jour le 10 mai 1973. Cantonné par la suite dans les camps de Tindouf.