Favorable à la mise en place de l'horaire continu dans l'administration, Jamal Belahrech, D.G de ManPower Maroc et acteur dans le monde du travail, plaide pour une optimisation de l'utilisation de cette mesure. Pour lui, le rendement ne s'arrête pas aux heures de travail. ALM : Le gouvernement est en voie de mettre en place un système d'horaire continu dans les administrations. Quels sont à votre avis les avantages d'une telle procédure. Jamal Belahrech : Dans l'absolu, les avantages de l'horaire continu sont multiples. En témoignent les expériences des pays précurseurs en la matière et qui ont gagné à plus d'un titre dans sa mise en place. A commencer par la hausse substantielle que connaîtra la productivité de manière générale. Les résultats comme l'image de nos administrations s'en trouveraient sans doute améliorés. A cela s'ajoutent toutes les économies que le pays va réaliser en énergie, carburant et électricité. Sans oublier toutes les activités économiques, liées essentiellement au divertissement, qui se développeront parallèlement à l'intégration de ce système. Nous n'avons strictement rien à perdre, et tout à gagner, dans la mise en place de l'horaire continu. Quels sont les dispositifs à mettre en place pour accompagner cette mesure et assurer sa pleine réussite ? Il est clair qu'une telle démarche ne saurait être de l'efficacité et de l'intérêt voulus que si des mécanismes et tout un dispositif logistique conséquent sont mis en place. A commencer par le transport et la restauration sur les lieux de travail. A cela, il faut à mon avis ajouter le principe que le service public ne doit pas être arrêté à l'heure de fermeture d'une administration donnée. Il ne s'agit pas de mettre en place l'horaire continu pour l'horaire continu, mais de répondre aux enjeux de réactivité et de disponibilité que l'administration marocaine doit relever. Ce qu'il ne faut pas confondre dans ce sens, c'est le confort personnel des individus et l'intérêt général que le service public se doit d'être le garant. La mise en place de l'horaire continu doit obéir dans cette perspective à un souci d'efficacité et d'un meilleur rendement de l'administration marocaine. Autrement, ce dispositif serait inutile. Quelles pourraient être les obstacles à la mise en place de l'horaire continu. Et pensez-vous qu'ils risquent d'entamer de freiner sa faisabilité ? Je pense que les résistances passées n'ont plus lieu d'être. Le frein majeur à la mise en place de l'horaire continu était d'ordre culturel. Les salariés ne voulaient pas sacrifier leurs habitudes, celles de pouvoir rentrer entre 12h et 14h, déjeuner chez-eux, revoir leurs enfants…Maintenant, je pense que la donne a changé. Les gens commencent à voir l'intérêt de l'horaire continu, dans la mesure où ils pourront dégager davantage de temps pour le repos, les loisirs, les activités sportives. Leur qualité de vie ne s'en trouverait qu'améliorée. Et c'est sur cet intérêt-là qu'il faut que l'Etat capitalise. Le lancement d'une telle procédure ne peut réussir que si un travail de communication, qui explique ces avantages, est mené auprès des salariés. On devrait également expliquer les enjeux liés à une telle démarche et les objectifs recherchés derrière sa mise en œuvre. Ceci, sans parler des adaptations, notamment en matière d'heure de rentrée et de sortie des écoles, auxquelles il faut procéder. En terme d'image de l'administration marocaine, au niveau national comme international, quels seraient les avantages que présenterait l'horaire continu ? Cela permettrait indéniablement au Maroc de s'inscrire dans cette logique d'optimisation à la fois des services et des échanges à laquelle obéissent tous les pays sérieux dans leur quête de développement. Ce serait une façon de signifier que nous sommes dans l'air du temps, celui du travail, des résultats concrets, et dans cette dynamique de croissance qui rendrait tous nos secteurs, administratifs comme productifs, aussi efficaces que compétitifs.