Incendie, pillage puis expropriation, Saâd Setti a perdu son cabanon dans des conditions douteuses. Aujourd'hui, le cabanon est occupé par Mustapha Bakdir, soupçonné d'être encouragé par le président de la commune. Saâd Setti ne sait plus quoi faire. Les choses se sont enchaînées d'une manière si rapide et inattendue qu'il lui arrive de dire qu'il s'agit peut-être d'un rêve. « Un cauchemar », rectifie son épouse. Tout a commencé le jour où la famille Setti a appris, par pur hasard, que son cabanon a été incendié et complètement saccagé. Situé à la plage des « Petites Zenata », à Casablanca, ce cabanon est sujet de polémique entre Saâd Setti et son nouveau « propriétaire», Mustapha Bakdir. Depuis 1972, la famille Setti passait ses vacances estivales dans cette maisonnette, suite à une autorisation d'occupation temporaire accordée par la commune d'Aïn Harouda, moyennant un loyer annuel de près de 1.700 dirhams. « À notre grande surprise, un voisin nous a appris que notre cabanon a été presque détruit par un incendie. Nous n'avons appris la mauvaise nouvelle qu'une semaine après l'incident, c'est-à-dire, fin avril », précise Saâd Setti. Que le propriétaire ne soit pas avisé par la Commune d'Aïn Harouda de l'incendie est le fait qui lui a mis la puce à l'oreille. En arrivant sur les lieux, les Setti sont restés ébahis: non seulement la maisonnette est incendiée, mais elle est également pillée. « Contrairement aux autres, notre cabanon a été bien équipé et ce tout au long de l'année, note Saâd Setti. Nous sommes restés abasourdis en ne découvrant aucune trace de l'ensemble du mobilier, de l'électroménager…On a même pillé les ustensiles de cuisine ! l'équipement de notre cabanon est estimé à plus de 50.000 dirhams ». Prenant son mal en patience, Saâd Setti est parti chercher une autorisation de reconstruction auprès de la commune d'Aïn Harouda. Et c'est là où les choses ont commencé à se corser. À la commune, on refuse sa demande et on lui apprend que le cabanon ne lui appartient plus. L'information est tombée comme un couperet sur la tête de Saâd Setti qui n'en revenait pas. Abdellatif Jirari, le président de cette commune, a procédé à l'expropriation de Saad Setti le 3 mars 2005, en se basant sur le fait que le cabanon n°12 est abandonné. « C'est à ce moment-là que j'ai compris ce jeu machiavélique d'incendie et de pillage savamment orchestré par Abdellatif Jirari et Mustapha Bakdir qui se dit le nouveau propriétaire », déclare-t-il. Et d'ajouter que « le président de la commune a donné le droit à Mustapha Bakdir, gendarme à la retraite, d'occuper et de rénover le cabanon, le 10 mars 2005 ». Saâd Setti est allé encore plus loin en affirmant que Abdellatif Jirari avait « offert » le cabanon n°47 à Mustapha Bakdir, mais ce dernier avait été repoussé violemment par son vrai propriétaire : «Suite à ce mauvais traitement, Mustapha Bakdir a fini par jeter son dévolu sur le nôtre. C'est ainsi qu'il a adressé à la commune d'Aïn Harouda une lettre de désistement datée du 9 mars 2005. Le lendemain, le 10 mars, Abdellatif Jirari lui a offert mon cabanon». Ex-PND devenu RNI, le président de cette commune a été contacté à plusieurs reprises par ALM, mais en vain. Apparemment, il n'était pas dans son bureau. Le secrétariat d'Abdellatif Jirari assure qu'il est trop occupé et que malgré ses trois téléphones portables, il reste injoignable. Un autre cabanon qui brûle peut-être ?