Réunie le lundi 9 mai à Rabat, une commission interministérielle, présidée par le Premier ministre, Driss Jettou, a adopté une série de mesures pour juguler les effets néfastes de la vague de froid et de la sécheresse que connaît le Maroc. Le gouvernement passe, enfin diraient certains, à l'action pour sauver ce qui peut l'être de la saison agricole. Une saison qui s'inscrit sous le signe des années des vaches maigres et qui augurent du mal qu'auront, gouvernement comme agriculteurs, à en gérer les effets. Réunie le lundi 9 mai à Rabat, une commission interministérielle, présidée par le Premier ministre, Driss Jettou, a adopté une série de mesures pour limiter les dégâts en contribuant à combler le déficit qui connaît le secteur. Quatre actions sont prévues dans ce sens. Et c'est le ministre de l'Agriculture, du Développement et de la Pêche, Mohaned Laenser, cité par la deuxième chaîne (2M), qui en a tracé les grandes lignes. Il s'agit d'abord d'assurer la sécurité de l'approvisionnement alimentaire et en eau potable, de garantir l'alimentation et le breuvage du cheptel, de pallier la perte des revenus dans le monde rural et de réduire les impacts de l'endettement des agriculteurs, lié à cette campagne et à la campagne prochaine. Des mesures qui donnent suite à la dernière sortie du ministre de tutelle devant la Chambre des représentants. En réponse à une question orale, le ministre avait déjà annoncé la couleur, il y a plusieurs semaines, déclarant le lancement par le gouvernement de trois mesures visant à juguler les effets néfastes du manque de précipitations. La solidarité nationale, « qui a déjà démontré son efficacité lors de crises antérieures, dont la sécheresse de 2001 et l'invasion acridienne », est une mesure à laquelle le gouvernement pourrait recourir. La deuxième mesure consiste en «l'approvisionnement normal» du marché aux prix habituels, tout en n'écartant pas la possibilité de recourir à l'importation, si c'est nécessaire. L'assistance des agriculteurs, en prévision de la prochaine campagne agricole, fait partie des mécanismes envisagés. A ce titre, le soutien financier au secteur agricole dépasse cette année 10 milliards de dirhams. La décision prise au sein du Crédit Agricole du Maroc d'annuler les dettes de 100.000 petits agriculteurs tombe à point nommé. Pour le ministre, le programme décidé lors de la réunion du lundi se veut structurant et non seulement ponctuel, « afin de faire avancer les réformes dans le secteur agricole et aller dans le sens d'une agriculture que nous souhaitions, depuis déjà pas mal de temps ». Cette réforme se concrétisera à travers « la reconversion de certaines terres agricoles, l'amélioration de l'élevage du cheptel et la mécanisation ». Ces mesures seront soumises à une commission interministérielle. L'enveloppe budgétaire nécessaire pour leur mise en application reste à déterminer, avant qu'elle soit soumise à l'approbation du gouvernement. En attendant, le manque de pluie et la vague de froid qui a sévi récemment au Maroc auront affecté quelque 217.000 hectares des terres agricoles. Une situation qu'aggrave l'absence de mécanismes visant à faire face aux catastrophes naturelles, alors que le pays est connu pour l'instabilité qui caractérise ses précipitations. En somme, et tous secteurs confondus, l'actuelle campagne agricole devrait faire 50 % de moins que la précédente. Certains responsables parlent même d'une baisse de 60% par rapport à l'année dernière. Dans un rapport publié dernièrement et relayé par la presse, le département américain de l'Agriculture (USDA) a estimé que les récoltes céréalières du Maroc « ne dépasseraient pas les 40 millions de quintaux ». Ceci, en comparaison avec les 80 millions de quintaux de la campagne précédente et les 60 millions comme moyenne nationale. D'après le même rapport, et en attendant des chiffres du département de tutelle concernant les autres secteurs, «le Maroc devrait importer 2,6 Mt de blé et 0,8 Mt d'orge pour assurer les besoins intérieurs du pays». Si un tel constat n'a finalement rien de surprenant, ce qui est étonnant par contre, c'est le manque de réactivité des départements concernés. Alors que les dégâts se font sentir depuis plusieurs mois, nos responsables persistaient à dire, il y a encore quelques semaines, qu'il n'y a pas lieu de parler de « catastrophe ».