«Les dix commandements» est le nouveau film qui sera tourné dans le studio «Atlas», à Ouarzazate. Une question se pose de nouveau : à qui profite l'industrie cinématographique locale ? Dans le studio Atlas à Ouarzazatte, régne une ambiance de remue-ménage ; en effet, ouvriers et charpentiers, suivant un rythme accéléré, œuvrent à l'installations de structures en bois et en béton. Ces structures sont en fait les nouveaux plateaux crées pour les besoins de tournage du film américain «Les dix commandements» de Robert Dornhelm avec en tête d'affiche Omar Sharif et Gregory Smith. Ces constructions seront prêtes le 15 mai pour pouvoir accueillir le tournage, le 23 mai. Ce nouveau tournage vient s'ajouter à la longue liste des grandes productions américaines qui ont été réalisés à Ouarzazate. La dernière est bel est bien «Alexandre». Un péplum du réalisateur Oliver Stone qui a coûté la bagatelle de 150 millions de dollars à la Warner Bross Compagnie. Mais l'important n'est pas là. En fait, il s'agirait de savoir, si Ouarzazate et ses habitants profitent de ces nombreux tournages. Selon un employé du studio Atlas qui a souhaité garder l'anonymat- «la ville est un havre du cinéma américain et international» Et d'ajouter : «Nous avons l'occasion de voir les plus grosses pointures du 7ème art, on les côtoie, on leur parle, c'est grandiose». Les plus grands acteurs et réalisateurs américains sont passés par Ouarzazate, et sont présents en cher et en os durant toute la période du tournage qui ne dépasse pas généralement 20 jours. Un tournage qui est ficelé d'avance par la maison de production étrangère contactée par une autre boîte de production marocaine. «L'interlocuteurs des réalisateurs américains, c'est la maison de production américaine, qui, elle, entre en contact avec son homologue aux Etats-Unis» a déclaré Hassan Oubbane, un marocain qui a travaillé comme accessoiriste dans de nombreux films depuis «India Jones» de Steven Spielberg, jusqu'à «Kingdom of Heaven» avec Ridley Scott. Après ses premiers contacts, la maison de production marocaine soumet le scénario au Centre cinématographique marocain (CCM). Après une étude du dossier et du cahier des charges de la maison de production américaine, le CCM livre son autorisation et laisse le chemin libre aux boîtes de production. Une fois l'autorisation obtenue, le producteur américain arrive à Ouarzazate avec un architecte décor, un dessinateur et le chef de construction. Les responsables de ce secteur-là sont américains ; Mais les ouvriers qui se chargent de la construction sont, eux, marocains. Leurs salaires diffèrent. «Certains touchent 200dh, d'autres peuvent travailler pour 500 ou 750 DH, cela dépend de la nature de la tâche qui leur est attribuée», explique Hassan Oubbane. Par la suite vient l'étape de la sélection des figurants qui viendront participeront au tournage. Cette tâche revient au département du casting constitué de Marocains. Ce département mène une chasse aux figurants et part dans toutes les régions avoisinantes de Ouarzazate. «Certains figurants proviennent notamment de Kelâat M'Gouna», raconte un chauffeur du studio. Une fois sur place, parfois dans des quartiers très reculés, les techniciens du casting leur prennent des photos. Cette mission accomplie, les photos sont remises au metteur en scène et au premier assistant. Ces derniers sélectionnent les figurants qu'ils désirent selon leurs propres besoins. «Ils n'ont pas de critères déterminés si ce n'est que les figurants doivent correspondre à l'image qu'il se font des scènes où ils doivent figurer». Le nombre des figurants peut atteindre des fois 4.000 personnes. Mais le problème c'est que, par moments, sur un total de 5.000 à 6.000 figurants qui sont rassemblés, seules 1.000 personnes sont choisies. C'est ce qui explique les protestations régulières de certains figurants à Ourzazate. Il faut savoir que la figuration dans les films est un gagne-pain pour une tranche de la population de Ouarzazate. Une population qui avoisine les 39.000 habitants. Pour une durée de 15 ou 20 jours, un figurant peut gagner de 200 à 750 DH. «Là aussi ça dépend du grade du figurant», explique Hassan. Et d'ajouter : «Ceux dont les visages apparaissent dans le film peuvent toucher jusqu'à 750 DH». Mais les plus grosses sommes reviennent finalement aux locataires du studio. «Les sommes versées par les producteurs peuvent varier de 100.000 à 200.000DH. Un montant qui n'est pas négligeable comparativement à ce qui se passe aux USA. Une aubaine pour les réalisateurs. Mais les habitants de la ville, en profitent-ils ? La réponse ne coule pas de source mais les observateurs de ce secteur sont catégoriques. «Ces tournages peuvent nourrir une famille, mais la ville n'en profite pas comme prévu».