On délègue très vite et très facilement. C'est la ruée vers la gestion déléguée. Les gestions déléguées se multiplient au Maroc. Distribution de l'eau et de l'électricité, assainissement solide et liquide, transport public, sont des secteurs dont les collectivités locales marocaines ne veulent plus s'occuper. Elles préfèrent en déléguer la gestion à des entreprises étrangères dans le cadre de concessions accordées le plus souvent dans des conditions très floues. On délègue très vite et très facilement. C'est la ruée vers la gestion déléguée. Toutes les communes semblent avoir hâte de se débarrasser de leurs prérogatives dans ces domaines qui ont pourtant une dimension socio-économique très importante puisqu'ils ont un impact direct sur le citoyen. Redal, Lydec, Amendis, M'dina Bus, Sita El Beida entre autres sont des entreprises qui ont décroché des marchés dans les grandes villes du Royaume. Certaines ont respecté leurs engagements avec les communes qui leur ont fait confiance. D'autres revoient d'une manière unilatérale leur cahier de charges et font ce qu'elles veulent dans le but de tirer le maximum de profits en peu de temps. En plus, certaines entreprises ont réussi à tisser des liens de "coopération" qui leur permettent de sauvegarder leurs intérêts respectifs et d'éviter d'entrer dans des guerres inutiles pour obtenir de nouveaux marchés. En deux mots : elles sont parvenues à se mettre d'accord pour partager le gâteau à l'amiable au lieu d'entrer en concurrence. Cela leur a permis d'empêcher d'autres entreprises d'accéder au marché marocain. Ainsi, on remarque, par exemple, que la Lydec cherche à s'installer à Marrakech et tente par tous les moyens d'obtenir la gestion déléguée de la distribution de l'eau et de l'électricité de cette ville alors qu'aucune autre entreprise ne cherche à entrer en compétition avec elle sur ce marché. Mais, au-delà de cet aspect, ce qui préoccupe le plus les observateurs c'est le fait que la gestion desdites concessions ne fait l'objet d'aucun contrôle. La question qui se pose est qui contrôle le respect par ces entreprises de leurs cahiers de charges ? L'enquête ci-contre fait la lumière sur un cas qui illustre parfaitement ce genre de dépassements qui ne peuvent avoir lieu qu'en l'absence de contrôle de la part des autorités compétentes. On y découvre que la société Redal, qui s'occupe de la gestion de la distribution de l'eau et de l'électricité à Rabat, a entamé une opération de sous-délégation de certaines de ses missions. Elle commence aussi à se débarrasser de ses cadres marocains pour les remplacer par des Français alors que l'accord qu'elle a signé avec la commune de la capitale exige tout à fait le contraire à savoir la réduction, au bout des trois premières années, du personnel étranger. Pourtant, le Conseil de la ville n'a pas encore réagi. Cela dit, qui va protéger les intérêts du citoyen ?