Le Premier ministre chiite, Ibrahim al-Jaâfari, a complété dimanche son cabinet gouvernemental tandis que les violences continuent à faire couler le sang dans le pays. Après un trimestre de blocage politique, l'Irak se dote enfin d'un gouvernement complet. En effet, le Parlement irakien a approuvé dimanche la nomination de cinq ministres et d'un vice-Premier ministre, complétant le cabinet du Premier ministre chiite Ibrahim al-Jaâfari. «Oui, les nominations ont été approuvées par la majorité des députés présents», a déclaré Mariem al-Rayess, une parlementaire de la Liste irakienne unifiée à dominante chiite. Parmi les six derniers membres nommés du gouvernement, figurent quatre sunnites, dont Abed Motlaq al-Joubouri au poste de vice-Premier ministre et Saâdoun al-Doulaïmi à celui du ministre de la Défense. Un autre sunnite s'est vu octroyer le poste de ministère de l'Industrie. Il s'agit d'Oussama Najafi. Hachem Chibli, quant à lui, a été nommé ministre des Droits de l'Homme. Les deux derniers ministres ont été attribués à des chiites. Ibrahim Bahr al-Ouloum a obtenu le portefeuille du Pétrole et Mohsen Chalach celui de l'Electricité. «Ainsi, la liste du gouvernement se trouve complétée», s'est félicité M.Jaâfari à l'issue du vote. Le Premier ministre a estimé que la composition de son cabinet "préserve l'unité de l'Irak". S'agissant du retard quant à la formation du gouvernement, M.Jaâfari a déclaré : «Nous avons pris soin d'impliquer tous les protagonistes politiques et c'est ce qui explique le retard pris dans la formation du cabinet». «Ce n'était pas du temps perdu. Les discussions ont pris le temps qu'il fallait et la liste du gouvernement a été approuvée par la majorité des élus et a reçu la confiance du Parlement", a-t-il ajouté. Pour faire face aux violences qui frappent le pays, M.Jaâfari a indiqué que son cabinet aurait recours à tous les moyens légaux. Le Premier ministre n'a pas exclu le recours à des lois d'urgence. Il a souhaité la poursuite, selon le calendrier prévu, du processus politique. Il a, par ailleurs, reconnu la difficulté de cette tâche. «La tâche demande beaucoup d'efforts, mais j'espère qu'on rédigera la Constitution à temps», a-t-il déclaré. Rappelons que l'Assemblée nationale transitoire doit rédiger, d'ici au 15 août, la Constitution permanente, pour ratification par référendum avant le 15 octobre. Sur le terrain, les violences ne se sont pas atténuées. Dimanche à Bagdad, un haut fonctionnaire et son chauffeur ont été abattus. Cet assassinat est survenu au lendemain d'un double attentat sanglant dans la capitale. Un porte-parole de l'ambassade américaine à Bagdad, Adam Hobson, a affirmé que 22 personnes, dont deux gardes de sécurité américains, avaient trouvé la mort, samedi, dans un double attentat suicide, place Tahrir. Une source du ministère irakien de l'Intérieur a indiqué ,de son côté, que quatorze civils irakiens et "quatre étrangers" avaient été tués et 54 civils irakiens blessés. Le groupe du Jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui, chef du réseau terroriste Al-Qaïda en Irak, a revendiqué l'attentat dans un communiqué sur un site islamiste. Dimanche, l'armée américaine a annoncé avoir tué six personnes, soupçonnées d'appartenir au groupe d'Al-Zarqaoui, et arrêté 54 autres dans un raid près de la frontière syrienne, selon un communiqué. Près de 300 personnes ont été tuées dans des attaques depuis le 28 avril, date à laquelle le Parlement irakien a voté la confiance au gouvernement (incomplet) formé par M.Jaâfari. Malgré la poursuite des violences, le président américain, George W. Bush a salué samedi les progrès réalisés dans ce pays. "En Irak, le nouveau gouvernement comprend des membres de tous les groupes ethniques et religieux dominants qui, en dépit de leurs différences, partagent un même engagement en faveur de la démocratie, la liberté et l'Etat de droit", a-t-il affirmé à Riga.