Une réponse socio-économique intégrée vient d'être proposée par la Banque mondiale, le HCP et le SNUD Les efforts du Maroc en faveur des Objectifs du développement durable (ODD), notamment du développement humain et de la lutte contre les changements climatiques, constituent une base solide pour une sortie de crise qui redéfinirait les systèmes en place et proposerait un nouveau modèle de développement durable, inclusif et équitable. Ce constat a été relevé conjointement par la Banque mondiale, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) et le Système des Nations-Unies pour le développement (SNUD) dans une note tripartite évaluant l'impact social et économique de la crise sanitaire au Maroc. Les trois parties indiquent que « cette crise appelle à un relèvement plus équitable, inclusif et respectueux de l'environnement vers des économies durables et des sociétés plus résilientes notamment face aux pandémies et aux changements climatiques». L'élaboration de cette note stratégique vise à approfondir la compréhension de l'impact socio-économique de la pandémie au Maroc à travers une approche unique, inclusive et collaborative. Outre la présentation de la situation pandémique et les différentes actions engagées par le Maroc pour endiguer la pandémie, le document dresse une série de recommandations. Fruit des consultations entre le SNUD au Maroc, le HCP, la Banque mondiale et leurs partenaires, les propositions émises devraient servir d'outil de travail pour une réponse socio-économique intégrée et efficace. Décryptage des 5 actions à définir. Des méthodes innovantes pour la collecte de données à mettre en place L'innovation dans la collecte et l'analyse des données est également recommandée. L'objectif étant d'accompagner aux mieux la prise de décision de manière éthique, scientifique et contextualisée. L'idée étant d'accélérer la mise en place de méthodes innovantes pour la collecte et l'analyse des données socio-économiques nationales. « La digitalisation, l'intelligence artificielle et les nouvelles technologies en général sont déjà au centre de la compréhension de la crise à travers le monde et généreront aussi des enseignements selon l'expérience qui en est faite par les services gouvernementaux, les entreprises et la société civile marocaines », peut-on lire du document. Et de poursuivre : « le Maroc a accompli des efforts significatifs de transparence et de gestion des données, ce qui renforce le respect des règles et l'acceptation des mesures par la population ». Notons qu'il s'agit d'une recommandation qui tend à consolider le capital social en l'occurrence la confiance. Vers l'inclusion des collectivités territoriales et de la société civile La crise sanitaire devrait, également, constituer une opportunité pour renforcer la régionalisation avancée et valoriser le rôle de la société civile. La note stratégique tripartite a mis en exergue la contribution des collectivités territoriales pour la réduction de l'impact de la Covid-19 au niveau national. « Les exemples d'efforts et de solidarité locale ne manquent pas et la société civile est souvent en première ligne particulièrement pour collecter les informations sur le terrain auprès des populations vulnérables et participer ainsi à une réponse nationale coordonnée, notamment entre les autorités locales, les représentants de l'autorité centrale au niveau territorial et la société civile dans le cadre de la réponse d'urgence à la Covid-19 », relève-t-on de la note stratégique qui souligne, dans ce sens, l'importance de l'inclusion des collectivités territoriales et de la société civile dans la réponse du pays ainsi que la mise en œuvre des politiques nationales au niveau local. « Une telle bonne pratique est un exemple de coordination et de renforcement du travail conjoint entre les institutions locales et les associations de la société civile dans le cadre de la régionalisation avancée, qui mériterait d'être systématisé et documenté dans le cadre d'un développement régional inclusif », soulève-t-on dans ce sens. L'évolution de la pauvreté multidimensionnelle à prendre en considération Les rédacteurs de cette note stratégique recommandent, par ailleurs, d'accorder une attention particulière à l'évolution de la pauvreté multidimensionnelle et à la planification d'une réponse inclusive. « L'estimation de la Banque mondiale concernant le recul de 4% PIB implique une hausse de la pauvreté dont la proportion exacte reste à estimer, mais qui sera de toute évidence sensible », observent-ils. Il est, ainsi, prioritaire de planifier une réponse adaptée aux segments de la population les plus durement touchés par la crise. Citons à cet effet : les salariés des PME, les travailleurs indépendants, les travailleurs agricoles et les journaliers. Cette approche devrait, également, intégrer les populations migrantes, réfugiées et les demandeurs d'asile. « Il est important de ne pas considérer uniquement le volet monétaire de la pauvreté. L'accent est mis sur la pauvreté multidimensionnelle car les conséquences sur la santé et l'éducation ne sont pas toujours captées par les indicateurs monétaires », apprend-on dudit document. Et d'ajouter que « les indicateurs déjà existants et portant sur les ODD sont, à cet égard, des instruments de suivi utiles pour une compréhension approfondie des besoins des populations ». Tenant compte de ces éléments, une réponse inclusive, basée sur des indicateurs éprouvés et des données probantes, garantirait l'efficacité du ciblage des populations et l'effet des politiques de soutien économique et social. La résilience des services publics à renforcer La cinquième recommandation formulée dans le cadre de cette note stratégique porte sur l'investissement dans la continuité des services publics de santé, d'éducation et d'administration durant et post-crise. « L'interruption des services publics essentiels, souvent liée à la peur du virus, à l'incertitude quant à la durée de la situation, à la réduction de la mobilité ou au manque de connectivité, peut créer des vulnérabilités latentes ou amplifier les vulnérabilités déjà existantes, qui risquent alors de se manifester de manière plus profonde dans les mois et les années à venir. Cela est valable pour la santé en l'occurrence le dépistage des pathologies et les soins réguliers, mais également pour l'éducation, où les interruptions de scolarité augmentent le risque d'abandon scolaire », lit-on dans ce sens. La note rappelle, aussi, les mesures développées par les communes, les provinces et les régions pour faciliter l'accès des citoyens aux services, tout en essayant de les protéger du risque de contamination. L'obligation étant de capitaliser sur les efforts déployés en temps de crise pour investir davantage dans la résilience des services publics et ce dans l'optique d'assurer la continuité de l'offre quelle que soit la situation sanitaire ou économique.