L'échec amer de la sélection marocaine en Coupe Davis, face à l'Italie, a réouvert la boîte de Pandore. Le tennis marocain est malade de sa gestion et, afin de hisser le niveau de la jeune relève, il est urgent de prendre la raquette par le bon bout. Le Maroc a été déconfit par l'Italie lors du second tour de la zone Euro-Afrique de la Coupe Davis. Le score de 4 victoires à 1 se passe de tout commentaire. « C'était attendu, Younès était malade, son coup droit et son service n'était pas au rendez-vous, Hicham s'est cassé le poignet, son arme principale et voilà, il n'y avait pas de surprises», commente Mohamed M'jid, président de la Fédération royale marocaine de tennis (FRMT). Même son de cloche de la part du vice-président, Yahia Fizazi qui indique : «Je dirais qu'on s'y attendait, avec l'arrivée en fin de parcours des trois mousquetaires que l'on remercie énormément pour les services rendus à la nation. El Aynaoui était fatigué et, franchement, on n'était là-bas rien que pour sauver la face. Maintenant, s'il y a des enseignements à tirer, c'est de préparer une vraie relève, à travers une stratégie appropriée et non à travers une gestion assurée par trois personnes». Pour Mohamed M'jid, grâce aux «trois» personnes en question, qui assurent le fonctionnement de la FRMT, est la meilleure façon de faire. «Avec trois ou quatre personnes, en plus d'un staff technique valable, le sport fonctionne bien», estime-t-il. Or, c'est justement sur ce front que son adjoint préfère attaquer, estimant que l'on ne peut pas compter sur des individualités, en marginalisant toutes les potentialités. «C'est la 4e année consécutive que la fédération travaille dans l'illégalité. Je n'ai rien contre M. M'jid, mais le président ne veille pas au respect des statuts, qu'il bafoue, tout simplement. Les temps des décisions unilatérales sont révolus et l'on ne peut pas mener le bateau tout seul. Nous avons une culture de collégialité, de transparence et nous sommes pour la légalité et la démocratie. Maintenant, si M. M'jid est désigné par Dahir, dans ce cas-là, on se pliera à ses exigences», indique-t-il. «Les gens qui parlent de démocratie ne savent même pas ce que c'est, moi, en tous les cas, je les ignore et je gère les choses en fonction de l'intérêt général. Pour le bien public, eh bien je fais de la dictature et je prends mes responsabilités !», rétorque Mohamed M'jid. Au centre des discussions dans le clan des détracteurs du président de la FRMT, la non-tenue, depuis quatre ans, de l'Assemblée générale annuelle, conformément aux statuts du règlement, fait office d'absurdité. «La tenue de l'Assemblée générale a été retardée par les événements importants qui se sont déroulés tout récemment. Prenez cela comme une déclaration officielle : les élections, c'est joli, mais ça ne sert pas le sport. Car le bureau élu est toujours caractérisé par une absence d'homogénéité et les tiraillements sont loi dès le départ, c'est pour ça que je préfère que ce soit trois ou quatre personnes qui gèrent la chose. Cela dit, on tiendra notre AG en fin de saison», souligne le président de la fédération, indiquant que le tennis ne lui appartient pas et que, si quelqu'un est capable de le gérer, «je serais le premier à l'applaudir». Lors de ce second tour de la zone Euro-Afrique de la Coupe Davis, l'équipe nationale était composée de 5 joueurs. Selon Yahia Fizazi, la délégation qui a accompagné les tennismen marocains comptaient 6 personnes, quatre membres fédéraux et deux employés. Il estime par ailleurs à deux ou, à la limite, à trois le nombre des accompagnateurs prescrit. «Le nombre des accompagnateurs dépasse celui des joueurs. Mais c'est une aberration! On profite des événements similaires pour faire de la villégiature, c'est clair, avec l'argent des clubs, qui devait initialement servir à payer des stages aux joueurs», déclare le vice-président de la FRMT. À ce propos, Mohamed M'jid nous a déclaré ne pas être au courant du nombre de personnes composant la délégation marocaine. Le vice-président a, par ailleurs, appelé les pouvoirs publics à agir. «Les responsables gouvernementaux ne bougent pas le petit doigt, sachant pertinemment que la fédération fonctionne dans l'illégalité», a-t-il, en définitive, déclaré.