2005 serait-elle une année sabbatique pour le théâtre marocain ? On n'en sait vraiment rien. Mais, une chose reste sûre: les troupes «subventionnées» n'ont encore reçu aucun sou ! Le ministère de tutelle met ce retard sur le compte d'un «problème juridique». Mécontentement. Voire. Exaspération. Le sentiment est partagé par les professionnels de théâtre. Et pour cause. Alors que la saison théâtrale tire vers sa fin, les troupes de théâtre devant bénéficier des subventions de l'Etat ne voient encore rien venir. Elles n'ont pas encore empoché la première tranche qui devait leur être octroyée après l'adoption de leur dossier de candidature, ni la deuxième tranche octroyée après la première représentation de leur spectacle, et moins encore la troisième tranche, dont l'octroi intervient après les dix représentations du spectacle subventionné dans les différentes villes du Royaume. On imagine donc mal comment ces troupes pourront le faire alors que la fin de la saison théâtrale se profile à l'horizon. Saison plombée par la lenteur des représentations, ces dernières se distillant au compte-gouttes, sans perdre de vue un niveau qui laisse tant à désirer. Et qui donne déjà un avant-goût de ce que va être le 7ème Festival national de théâtre de Meknès, prévu du 21 au 30 juillet 2005. Le tableau, voyez-vous, n'est pas pour plaire. Question : Mais qu'est-ce qui serait à l'origine du blocage? Soulignons en passant, que le ministère de la Culture ne devrait, comme le stipule la Loi, prendre en charge que 60% des frais d'un spectacle. Pour le reste, c'est-à-dire les 40%, les troupes sont appelées à les solliciter auprès d'autres producteurs. Mais voilà, nos troupes, en tout cas la plupart d'entre elles, sont-elles capables de « vendre » leur produit auprès des sponsors ? Devront-elles miser uniquement sur les caisses du ministère de tutelle ? Et après tout, ces troupes ne devront-elles pas se départir de cette idée selon laquelle l'aide publique au théâtre serait une forme d'assistanat ? Et comprendre que l'argent des contribuables qui leur est alloué devrait aller non sur des comptes personnels, mais être mis au service du théâtre ? La preuve, s'il en faut, par ces nombreuses doléances exprimées par des comédiens non ou sous-payés par le responsable de troupe, pour ne citer que cet aspect-là. Maintenant, qu'est-ce qui justifierait le «retard» accusé dans l'octroi des subventions ? Le ministère de la Culture pointe du doigt une «faille» juridique. La raison concerne la constitution de la Commission nationale d'aide au théâtre dont les membres sont renouvelables tous les deux ans. Cette Commission, telle qu'elle existe aujourd'hui, est constituée de membres n'opérant pas au ministère de la Culture alors que, comme le stipule la Loi portant création de cette commission, ils doivent être des fonctionnaires du ministère de la Culture. D'où la nécessité de modifier la mouture du premier texte de loi. D'après nos sources, c'est déjà fait. Après son adoption par le Conseil de gouvernement, ce texte devra paraître dans le Bulletin officiel. C'est à cette condition-là que la situation pourra être débloquée, que les troupes pourront enfin percevoir leur dû pour sauver ce qui peut l'être. Cela est d'autant plus urgent qu'une bonne partie des troupes n'ont pas encore achevé le montage de leur spectacle. Au total, huit troupes devant bénéficier de l'aide à la production n'ont toujours pas donné la première représentation de leur spectacle. Pour l'aide à la diffusion théâtrale, la situation risque de se compliquer un peu plus. Les troupes candidates à bénéficier de l'aide à la diffusion risquent d'être court-circuitées par les troupes bénéficiaires de l'aide à la production, ce qui rendra la tâche dure à la Commission d'aide au théâtre appelée à tout superviser dans le peu de temps qui lui reste.