Deux séries télévisées ont suscité la polémique en Ramadan 2020. Entre scénaristes, critiques, artistes voire téléspectateurs, les avis et commentaires foisonnent à propos de certaines similitudes entre «Chahadat Milad» et «Yacout wa Anbar». Pour y voir plus clair, nous avons contacté les réalisateurs marocains Mohamed Nesrate et Hamid Ziane, pour livrer leur version des faits sur les deux œuvres et ces ressemblances. Œuvrer pour un produit national Mohamed Nesrate, le réalisateur de «Yacout wa (et) Anbar», diffusée sur la chaîne Al Aoula, semble ne pas vouloir entrer dans cette polémique. «Peut-être que c'est le thème, mais chacun a sa manière de le traiter. Les auteurs ont aussi leur propre façon», tempère-t-il. Et d'ajouter : «Pour ma part, j'œuvre pour un produit national. Et je pense que toute personne qui peut évoluer dans ce domaine est la bienvenue. Alors quand quelqu'un arrive à réaliser une œuvre, c'est à applaudir», estime-t-il. De son côté, Hamid Ziane, réalisateur de «Chahadat Milad», émise sur MBC5, défend énergiquement son œuvre. Ni les mêmes scénarios, ni les mêmes faits «Ce ne sont pas les mêmes scénarios et faits. C'est assez différent». Ainsi s'exprime M. Ziane, à propos des réactions des téléspectateurs qui estiment que sa série télévisée «Chahadat Milad» ressemble à «Yacout wa Anbar» émise sur Al Aoula. Pour étayer ses déclarations, le réalisateur remonte au début de la conception de son œuvre. «Le texte de Chahadat Milad, qui comprend 60 épisodes, est écrit depuis trois ans. Nous avons même commencé le tournage avant celui de Yacout wa Anbar», avance-t-il en rappelant que la 2ème saison sera bientôt diffusée. «Ce n'est que quand on a commencé le tournage que des collègues qui ont également travaillé sur Yacout wa Anbar m'ont appris que cette œuvre a des similitudes avec la mienne; de mon côté, j'ai traité différemment avec mon équipe qui ignorait, à son tour, cette ressemblance. De même, le scénariste n'était pas au courant de cette resemblance entre les deux œuvres. Pour l'instant, je n'ai pas encore vu «Yacout wa Anbar» puisque la diffusion de la 1ère saison de mon œuvre, qui vient de prendre fin, était quasiment programmée en même temps», tranche Hamid Ziane. Mieux encore, le réalisateur précise également que l'histoire de «Chahadat Milad» est abordée, entre autres, sous un angle de conflits de classes et d'entreprises mêlés à des faits policiers. A elle seule, l'idée d'échange de bébés de sexe féminin par celui masculin est la même au sens du réalisateur. Le tout en indiquant que cette idée est consommée tout comme d'autres de renommée mondiale qui peuvent être basées sur des romans et travaillées, cependant, différemment. «Dans notre cas, ce n'est pas le même scénario mais ce n'est pas non plus nouveau comme idée. En principe, c'est le concepteur du scénario, qui a sa propre démarche, qui assume la responsabilité de son œuvre. En tant que réalisateurs, nous pouvons choisir de travailler dessus et nous n'avons pas à nous mêler des scénarios ou de leur similitude. Pour ma part, je me suis vu soumettre, par une société de production exécutive, un scénario sur lequel j'ai travaillé selon ma manière et vision. D'autant plus que la chaîne MBC 5 a apprécié l'œuvre. C'est ce qui m'intéresse», tempère-t-il. A propos des remarques faites par les téléspectateurs sur les réseaux sociaux concernant toute œuvre, le réalisateur, également cinéaste, indique: «Nous devons évoluer, en tant que créateurs, pour nous hisser à la conscience développée du public marocain dont la critique est constructive». Quant à ses projets, le réalisateur, qui estime que le domaine est à accès libre et exige un souffle tel un marathon, précise que le tournage de la 2ème saison de son œuvre amazighe «Siraâ Eddiab» (La lutte des loups) reprendra après le déconfinement.