Métier sous surveillance à travers le monde, vu les scandales financiers qui ont terni sa crédibilité, l'audit est dans une phase embryonnaire au Maroc. Si la loi oblige les entreprises à faire certifier leurs comptes par des auditeurs, les autres formes d'audit tardent à voir le jour. Audit. Evoquer ce nom revient quasi systématiquement à relever les défaillances et les dysfonctionnements quant à une démarche, une ou plusieurs actions, adoptées par une entreprise ou un secteur. Un métier basé sur le constat d'éventuelles failles et la formulation de recommandations quant aux moyens de pallier des situations qui s'annoncent délicates et des risques à venir. Il s'agit, en somme, d'une fusion entre le statut de contrôleur et de conseil. Une fonction divisée en deux parties : l'audit comptable, du ressort du commissariat aux comptes et qui ne peut être exercé que par des experts-comptables, et l'audit intégré qui regroupe l'ensemble des labels de l'audit (qualité, audit social, système d'information…). Pays en pleine mutation économique, avec comme cheval de bataille un processus de mise à niveau, le Maroc fait appel, maintenant et plus que jamais, à une telle expertise. Pour cela, besoin est de profils pointus en la matière. Chose qui tarde à venir. Le Maroc dispose certes d'auditeurs légaux, étant donné l'obligation pour les entreprises et les banques de faire certifier leurs comptes, mais les autres formes d'audit n'existent quasiment pas. Le marché reste en grande partie monopolisé par quelques cabinets internationaux. Il s'agit notamment de Price Waterhouse Coopers, Ernst & Young, KPMG. Quant à elle, la formation dans les métiers d'audit démarre à peine. L'Institut des auditeurs internes Maroc (IIA Maroc) en collaboration avec Consilium et l'Association française d'audit et de conseil informatique (AFAI), a entamé l'année dernière un cycle de formation pour la préparation du diplôme professionnel d'audit informatique. Baptisé Certificat Information System Auditor (CISA), ce certificat bénéficie d'une réputation internationale d'expertise en sécurité et contrôle des technologies de l'information. A ces manquements, s'ajoutent bien d'autres enjeux à venir et que la profession se doit de relever. Le rôle de l'auditeur consiste avant tout à aider la structure dans son ensemble à gérer les risques afférents à la mutation de l'environnement des affaires. Ce qui équivaut à abandonner cette vision de l'auditeur classique. Les risques technologique, social ou communicatif sont, entre autres, les autres champs d'intervention des auteurs, notamment internes. La profession doit également s'engager plus activement dans la lutte contre le blanchiment d'argent sale, la corruption et la fraude, qui sont aussi des sources de financement de la criminalité et même du terrorisme. A sa fonction de contrôle de gestion et de conseil, s'ajouterait un véritable certificat de respectabilité internationale pour un pays vis-à-vis des investisseurs internationaux. Sans oublier les normes de qualité, et qui se trouvent actuellement au cœur de l'intervention des auditeurs. L'Association marocaine des Auditeurs Qualité et Environnement (AMAQUE) est là pour le prouver. Les auditeurs pluridisciplinaires accrédités par le ministère du Commerce, de l'Industrie et des Télécommunications et membres de l'AMAQUE sont les seuls mandatés pour mener les audits des systèmes d'assurance-qualité dans le cadre de la certification d'entreprise. Soucieux de restaurer la confiance auprès des investisseurs, utilisateurs de choix de l'information financière, le Maroc devrait s'y mettre. Un effort de transparence s'impose. Le Maroc a certes enregistré des progrès notables en matière de lutte contre la corruption économique et de rigueur du contrôle financier des entreprises. Publié l'été dernier, le rapport de la Banque Mondiale sur le respect des normes comptables et la qualité de l'information financière n'en conclut pas moins qu'il reste beaucoup à faire.