Un Français, natif d'Oujda, et un Marocain ont été arrêtés, dernièrement, à Agadir pour la falsification de cartes monétiques, notamment des cartes Visa et Master Card. C'était au début de mars dernier. La police judiciaire d'Agadir a été informée que des opérations commerciales frauduleuses ont été effectuées dans plusieurs espaces commerciaux et dans des casinos de la ville. Qui les a effectuées et par quels moyens ? Mais, de prime abord, il s'agissait de vérifier la véracité de l'information. Pour ce faire, les éléments de la première brigade économique et financière de la PJ d'Agadir ont contacté le centre monétique interbancaire (CMI), installé à Casablanca, qui assure la connexion entre les quatre réseaux de cartes bancaires établis au Maroc. Le centre a confirmé avoir relevé des opérations commerciales effectuées au moyen de fausses cartes monétiques. Et l'enquête s'est lancée pour mettre fin à l'écoulement illicite de l'argent des victimes dans les poches d'autruis. Les enquêteurs de la 1er BEF ont commencé à traiter toutes les informations relatives aux codes monétiques utilisés par les faussaires après les avoir prélevées des étiquettes électroniques et les avoir envoyées au CMI à Casablanca. Ce dernier s'est chargé d'en confirmer ou d'en infirmer la véracité. En conclusion, il s'est avéré que la falsification a consisté à écrémer les données figurant sur la bande monétique dans les cartes Visa et Master Card. Preuves en mains, les enquêteurs ont contacté la majorité des espaces commerciaux et casinos d'Agadir pour avoir plus d'informations sur la (ou les) personnes qui paient le plus souvent au moyen des deux cartes de paiement internationales. Le nom d'un certain Issam Fridji revenait à maintes reprises. Les enquêteurs ont invité les commerçants et les gérants des casinos à les alerter une fois que cette personne leur rendrait visite. Et c'est ainsi qu'au cours de la dernière semaine du mois de mars, le téléphone a sonné dans la salle de trafic de la sûreté d'Agadir. Qui est à l'appareil ? L'un des commerçants a alerté les limiers de l'arrivée de Issam Fridji. Aussitôt, ils se sont dépêchés sur les lieux. Ils l'ont vu en compagnie d'une autre personne. Ils ne l'ont pas arrêté et n'ont pas cherché à connaître la personne qui l'accompagnait. Ils l'ont seulement mis sous surveillance. Les deux personnes sont montées dans une voiture. Les policiers les ont suivies sans attirer leur attention. Ils ne les ont pas arrêtées. Ils se devaient d'être prudents et collecter le maximum d'informations sur eux, avant de les arrêter en flagrant délit. Mercredi 30 mars. Les enquêteurs attendaient Issam Fridji, près de chez lui, au quartier des fonctionnaires. Il est sorti en compagnie de son ami. Tous deux se dirigeaient vers la voiture quand les enquêteurs se sont avancés vers eux et ont demandé au conducteur ses papiers. Du premier coup d'œil, le chef de la brigade a remarqué que la carte de séjour était fausse. Avant d'être conduit au commissariat de police, ils ont été soumis à une fouille corporelle. Le résultat est la découverte dans les poches du conducteur d'une carte monétique portant le nom de Issam Fridji et six autres portant le nom de Joseph Perez. De qui s'agissait-il ? «C'est moi», répondit le conducteur. Issam Fridji était son faux nom. Cet employé d'une société, né en 1954 à Oujda, est de nationalité française. Comment procédait-il à la falsification des cartes monétiques ? «Ce n'est pas moi qui les falsifiait, c'est Fouad », répondit Joseph Perez. Fouad n'est autre que le jeune homme qui était en sa compagnie. Né à Marrakech en 1963, Fouad y a poursuivi ses études jusqu'au bac en sciences expérimentales. Après quoi, il s'est inscrit dans un établissement hôtelier à El Jadida. Diplôme de technicien en poche, il a été embauché dans un grand palace de Casablanca, puis dans un deuxième, avant de tourner le dos à l'hôtellerie et d'obtenir un visa de 6 mois pour aller aux USA. Il y est resté clandestin durant six ans avant d'être refoulé par la suite sans obtenir la Green Carte. De retour au Maroc, il est arrivé à obtenir un visa de 6 mois pour aller en France. Une fois le visa expiré, il est retourné à Marrakech pour fonder une société de transport international, qui n'a jamais été opérationnelle. Entre-temps, il a fait, à Casablanca, la connaissance de Joseph Perez. En discutant à propos d'un projet de café ou de restaurant à Agadir, les deux hommes ont confronté le problème de financement. Fouad qui fréquentait des Marocains installés aux USA et qui s'adonnent à la falsification des cartes monétiques, lui a assuré qu'il allait trouver les moyens de financement. Par quel moyen ? Il lui a répondu qu'il aurait recours à la falsification des cartes Visa et des Master Card. Et c'est ainsi que l'aventure a commencé. Il a contacté ses amis aux USA, lesquels ont commencé à lui envoyer des cartes monétiques et des informations relatives à des codes et autres données qui figurent dans la bande monétique. Fouad qui disposait d'un lecteur MSR-206 (encodeur de carte monétique), ne trouvait aucune difficulté à écrémer les données figurant sur la bande monétique dans les cartes Visa et Master Card qui lui ont permis d'acheter des articles onéreux. Pour ne pas être démasqués, Fouad et Joseph, utilisaient plusieurs identités. Pour cela, ils ont recouru à une personne résidant au Nord du Maroc. Celui-ci s'est chargé de leur falsifier des cartes d'identité nationales et des cartes de séjour. Les enquêteurs ont saisi chez Joseph cinq fausses cartes de séjour et chez Fouad 33 cartes monétiques, le lecteur MSR-206, ainsi que d'autres documents concernant plusieurs codes. L'enquête est toujours en cours pour mettre la main sur d'autres complices qui sont en état de fuite.