Malgré un parcours politique semé d'embûches, la tenacité de M. Bertrand Delanoé, maire de Paris, a fini par payer. Il est un pur produit du Maghreb, car il est né en Tunisie. Il est des hommes dont la ténacité en politique finit par payer, malgré un parcours difficile. Evidemment, cette équation ne peut prendre sa valeur que dans des pays hautement démocratiques respectant les lois de la liberté et de l'expression. La personnalité que je vais traiter dans notre lettre de Marrakech n'a pas hésité de faire son premier déplacement au Maroc après son élection à la tête de la Mairie de Paris succédant à un autre ami de Marrakech Jean Tiberi. Bertrand Delanoé est un pur produit d'Afrique du Nord où il est né (Tunis le 30/05/1950). Après avoir fait ses études normales, il finit en décrochant un diplôme supérieur d'économie. Tout de suite après, il vise une carrière politique qui va se révéler riche en événements. Bertrand Delanoé adhère au P.S en 1971, pour devenir deux ans après le secrétaire général adjoint de la Fédération de l'Aveyron. En 1978, il sera élu conseiller de la capitale française dans le 18ème arrondissement. La carrière parisienne se fait, il est nommé délégué général auprès de Lionel Jospin (secrétaire national du P.S) et 1er secrétaire adjoint de la Fédération socialiste de Paris. Successivement, Bertrand Delanoé va gravir les marches de son parti et va occuper différents postes de grande importance dans les instances socialistes. C'est en 1981 qu'il fut élu député (26ème circonscription) de la ville de Paris à l'Assemblée nationale. L'année d'après, il fonde une publication «PS d'Aujourd'hui» dont il est le directeur politique. A cette période, va se dessiner chez Bertrand Delanoé l'idée de sa carrière municipale parisienne jusqu'en juin 1995, il dirige la liste socialiste municipale avec comme slogan : «Paris s'éveille» et remporte six des 20 arrondissements qui étaient totalement à droite tenus par le RPR de Jacques Chirac. Pendant cette carrière municipale, Bertrand va publier un livre qui s'intitule simplement « Pour l'honneur de Paris», en septembre 1999. Pendant cette période 1995-1999, Bertrand travaille dur en tant que sénateur et membre du bureau national du P.S et en tant que président du groupe socialiste au Conseil de Paris, ce qui va finir par le couronner par le succès du 25 mars 2001, jour où il conquiert la mairie de Paris, une première de la capitale depuis bien longtemps. Devenu Maire, Bertrand Delanoé va donner une nouvelle empreinte, une nouvelle stratégie politique à la ville de Paris. Il prend des décisions dans différents domaines. Tout d'abord, il décide d'instaurer un débat au Conseil de Paris où l'on discute d'un sujet d'actualité qui doit mobiliser ses équipes municipales. Par exemple, les problèmes de la jeunesse ; le projet culturel de la mandature ; le projet de décentralisation, la collecte des ordures à Paris, la société d'économie mixte, la rentrée scolaire… Aujourd'hui, certains secteurs ont connu une énorme évolution pour améliorer la vie urbaine des Parisiens. La collecte d'ordures sélectives est pratiquée à grande échelle car Bertrand pense «en recyclant les matériaux, on leur offre une nouvelle vie et on participe à l'équilibre de la planète». La réduction du nombre de bacs à ordures simplifie le tri, en participant à une meilleure économie de la ville et en valorisant le contenu des poubelles, d'où le fameux slogan: «Trier c'est bien, moins jeter, c'est mieux». Aussi, on peut voir en se promenant à Paris, deux sortes de bacs à ordures, un blanc pour le verre et un jaune pour tous les déchets recyclables. Si les problèmes de ramassage d'ordures constituent l'une des priorités municipales en général, à Paris, Bertrand Delanoé a fait du logement une de ses autres priorités, un levier indispensable pour une politique de mixité et de justice sociale. Car il suffit de jeter son regard sur la ville et ses contours pour cerner les problèmes. Bertrand privilégie un mot dans ce domaine, c'est celui de l'exclusion qui résulte de l'inégalité et d'injustices qui rendent indispensable l'intervention de la puissance publique. Il faut savoir que lutter contre la ségrégation contribue à promouvoir, encore plus, l'attractivité légendaire de Paris et les effets positifs et économiques que cela engendre. Il est à noter que Paris a recensé beaucoup d'insuffisances dans le logement, 14% de logements sociaux sont des résidences principales, seulement 20% de logements ont plus de quatre pièces, les prix des loyers et des cessions ne cessent d'augmenter. Enfin 10% des logements à Paris sont toujours vacants. C'est la raison pour laquelle il faut agir pour améliorer les 110.000 toits inconfortables, soit parce qu'il y a un des fonctionnements de la copropriété soit par l'exiguïté flagrante de certains logements (un sur deux) qui ont moins de trois pièces donc inadaptés une vie familiale sereine. Aussi, la loi du 13/12/2000 relative à la solidarité et au renouvellement urbain va permettre un équilibre entre agglomération, une vraie mixité urbaine, une offre d'habitat diversifié et permet d'atteindre des objectifs pour lutter contre la ségrégation urbaine. Aussi, le Plan local d'urbanisme (PLU) et celui du déplacement urbain (PDU) vont permettre: • un développement et une répartition du parc social ; • de lutter contre l'insalubrité et contre l'habitat exigu ; • d'améliorer l'habitat existant ; • de mobiliser l'habitat durablement vacant ; • d'augmenter le nombre de logements adaptés vers les populations fragiles. Ce travail n'est pas resté sans résultats puis qu'en 2002, la mairie de Paris a permis d'intervenir sur 3700 logements sociaux devenus adaptés à une meilleure vie humaine. C'est à notre avis, un engagement politique et citoyen nécessaire non seulement pour la vie qualitative des administrés, mais aussi pour l'image de sa ville afin de mieux présenter la notion d'accueil et celle qu'elle doit renvoyer au monde. Il est aussi un autre domaine que le maire de Paris s'est fixé comme objectif prioritaire dans sa gestion municipale, c'est celui du développement économique durable. Aussi il fallait créer un organe capable de gérer tous les problèmes inhérents à ce domaine vital pour une capitale prestigieuse telle que Paris. Ainsi, a été mis en place le CODEV : le Conseil de développement économique de la ville de Paris qui vise à associer tous les acteurs économiques et sociaux parisiens à l'action économique de la capitale. En le mettant en place officiellement le 04/03/2002, Bertrand Delanoé déclare aussi : «Il faut se bousculer, il faut se remettre en cause». La participation d'une centaine d'intervenants économiques et sociaux de la ville non élus, ne peut apporter que du sang neuf à l'action de la mairie. Cette instance de cinq membres permanents est présidée par Lionel Storelu, ancien ministre. Le travail du CODEV se place comme une instance ou un groupe informel, non institutionnel mais représente une force opérationnelle qui a parmi ses objectifs de proposer et de formuler des recommandations pour la vitalité de la ville. Le Conseil de la ville, tenant compte de cette réflexion et du travail du CODEV, ajuste son action municipale pour la rendre mieux appropriée aux attentes des citoyens. Grâce à cette concertation, Bertrand Delanoé et son équipe ont pu mener des actions urbaines forts intéressantes pour Paris comme par exemple, l'instauration de couloirs strictement pour les bus dans certaines grandes artères (rue de Rivoli par exemple ou encore la rue de Sébastopol). En octobre 2001, une plaque commémorative pour l'Algérie a été placée au Bd. St Ruhel. L'été 2002, pensant à ceux qui ne peuvent pas quitter Paris, pour différentes raisons, la mairie a créé : «Paris-Plage» au bord de la Seine. Enfin, en cette année 2003, et vu la conjoncture économique du citoyen en général, la mairie de Paris a pris la décision municipale de n'augmenter aucune des taxes comme celle de l'habitation, celle du foncier bâti ou non bâti ou encore la taxe professionnelle. La vie n'est pas sans risque pour un maire de Paris qui a ouvert la mairie pour les étrangers vivants à Paris afin de leur donner l'occasion de se constituer en association qui est écoutée par la mairie, et grâce à elle, de poser ses problèmes et ses doléances pour en trouver les solutions. Du coup de blessure reçu le 6 octobre 2002, Bertrand a failli perdre la vie, peu importe il s'est relevé et continue aujourd'hui son travail. Lors de nos rencontres à Paris, Bamako ou Casablanca, j'ai trouvé un homme disponible, intentionné pour le Maroc, prêt à renforcer les relations de développement à travers l'Association des villes francophones pour le Maroc et Marrakech. Il est prêt à étendre son aide au culturel et à tous les domaines de rapprochement et de mixité des peuples, en fait un échange favorable pour l'action Nord-Sud. Bertrand, «Ya Khouya» (mon frère), comme tu me le dis souvent, eh bien, on te compte parmi les amis de Marrakech où on t'attend bientôt chez nous, bien sûr chez toi.