Ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Nabyl Benabdallah est un homme pressé qui ne dédaigne pas les feux de la rampe. Bien au contraire. Il en raffole. Il en demande, il en commande. Jamais satisfait, toujours à l'affût. Au moins, les esprits malintentionnés ne sauraient l'accuser de ne pas s'aimer au point d'être effacé. Ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Nabyl Benabdallah est un homme pressé qui ne dédaigne pas les feux de la rampe. Bien au contraire. Il en raffole. Il en demande, il en commande. Jamais satisfait, toujours à l'affût. Au moins, les esprits malintentionnés ne sauraient l'accuser de ne pas s'aimer au point d'être effacé. Filmant juste l'ouverture des travaux des conseils de gouvernement pendant pas plus de deux minutes, les caméras des deux télévisions- dont il ambitionne du reste d'être un vrai patron politique- n'ont pas de ce fait pu immortaliser son moment d'énervement devant ses collègues en conseil du gouvernement de jeudi dernier. Motif : M. Benabdallah n'a pas du tout apprécié que son projet de loi portant sur la communication audiovisuelle soit retoqué par le gouvernement. Il s'attendait sans doute à ce que cette loi, qu'il a au demeurant adoptée comme s'il en était le concepteur, passe comme une lettre à la poste. Sans débat, ni réserve. Or, certains ministres ont pris chacun la parole pour demander d'autant plus un délai supplémentaire pour mieux examiner les dispositions d'un texte jugé de grande importance qu'ils ne l'ont reçu que cinq jours auparavant. C'est ainsi que le Premier ministre a décidé de mettre en place une commission chargée de recueillir les observations des départements ministériels concernés par la réforme audiovisuelle. Une réforme nécessaire mais toujours au stade de chantier depuis une dizaine d'années. Beaucoup de temps perdu qui a eu comme conséquence directe de retarder l'avènement d'un paysage médiatique libre et moderne qui puisse à la fois refléter et accompagner la démocratisation et l'ouverture de la société marocaine. Étant entendu qu'une démocratie au sens large du terme a besoin d'être animée . Pour cela, elle se vit et se voit à grande échelle sur le petit écran. Ce qui n'est pas actuellement le cas : les espaces de liberté acquis au Maroc ne sont pas vraiment traduits par le tube cathodique. Le paradoxe. En un mot, le printemps marocain, avec ses réussites et ses insuffisances, ses ambitions et ses ratages, qui fleurit depuis l'avènement du règne de S.M le Roi Mohammed VI a du mal à trouver ses tons dans les programmes des deux télévisions publiques. À la décharge de celles-ci, un mode de fonctionnement rigide et lourd sur le mode d'un établissement public surtout pour la première chaîne. Difficilement privatisable, la TVM, pour peu que ses dirigeants montrent de l'audace et de l'imagination, peut dépasser son carcan d'outil au service de l'État pour se transformer en véritable télévision du service public. Télévision privée à l'origine avant d'être nationalisée, 2M, elle, doit pouvoir retrouver, à la faveur de la réforme de l'audiovisuel, son statut de télé autonome qui lui va d'ailleurs bien. Au-delà de la concurrence qu'introduira la libéralisation des médias, il s'agit de réconcilier les Marocains avec leurs médias audiovisuels de telle sorte qu'ils ne s'évadent pas dans les ondes venues du ciel. La réussite ne sera effective que si le commun des citoyens rivé devant son petit écran sera moins tenté par le zapping. Les enjeux sont tellement importants que la réforme du secteur audiovisuel ne saurait être l'affaire d'un seul ministre. C'est l'affaire de l'ensemble du gouvernement. Il y va de l'avenir et de l'image de toute une nation.