La prestation du ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Nabil Benabdallah, mardi dernier sur la première chaîne, fut, tout simplement, phénoménale. Elle a été, d'ailleurs, accueillie comme telle par l'ensemble de la presse unanime à part, notamment, deux cas cliniques à savoir Aujourd'hui Le Maroc et Al Ahdath Al Maghribia. La prestation du ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Nabil Benabdallah, mardi dernier sur la première chaîne, fut, tout simplement, phénoménale. Elle a été, d'ailleurs, accueillie comme telle par l'ensemble de la presse unanime à part, notamment, deux cas cliniques à savoir Aujourd'hui Le Maroc et Al Ahdath Al Maghribia. Ces deux publications, avec leurs voix dissonantes coutumières, quand il s'agit de Nabil Benabdallah, ont fait vivre au sujet de l'évaluation de l'émission le pluralisme démocratique dont le ministre est le militant friand et le chantre enthousiaste. Tout cela est fort bien. Et chacun est, bel et bien, dans son rôle. Alors que demande le peuple ? Probablement rien. Cependant, il y a un truc qui chiffonne. A plusieurs reprises, le ministre, agacé par les questions, d'ailleurs assez clémentes, des journalistes les arrête en leur disant : «Laissez-moi parler au peuple» ou : «Laissez-moi dire la vérité au peuple.» Là, il y a un vrai problème de fond. Les Marocains, quand ils regardent la télé, même massivement, ne sont pas le peuple. Ils sont seulement des téléspectateurs. Cette vérité cathodique, mesurable au demeurant n'a pas de vertu référendaire. Même à 100% de participation dans un référendum, on ne peut parler qu'au nom des inscrits. Les autres, ce sont les zappeurs de la démocratie. La télé est, certes, un mass-média, mais de là à faire dialectiquement des masses de téléspectateurs des masses populaires, il faut être un peu communiste sur les bords. C'est comme si, pour rester dans le même esprit, on voulait réduire la lutte pour les parts de marché, ou la lutte pour l'audience, à une lutte de classes. Ce n'est pas sérieux. Et pourquoi des journalistes marocains, probablement eux-aussi issus du peuple, empêcheraient-ils un ministre qui se veut populaire à parler à celui-ci, c'est-à-dire au peuple ? Pourquoi ? Cela voudrait-il dire que le problème n'est ni le ministre, ni le peuple, mais les journalistes eux-mêmes ? On ne veut pas le croire. Et si le vrai problème du ministre c'était, justement, le peuple qu'il ne connaît qu'à travers sa qualité accessoire de téléspectateur, et non pas les journalistes qu'il semblait bien connaître? Ce ne serait, non plus, pas croyable. Et, au fait, que veut dire Nabil Benabdallah au peuple ? Quelle est cette vérité absolue que ces «salauds» de journalistes veulent l'empêcher de dire devant le peuple télévisuel uni dans une ferveur moderniste et démocratique, bavarde et discoureuse ? On n'en sait rien. Le job de Nabil Benabdallah est de passer à la télé. Il porte, sur ses épaules, la parole du gouvernement et, à ce titre, on le voit presque tous les jours sur tous les sujets. Quand il sent qu'il y a un manque de communication entre deux passages quotidiens à l'antenne, il commandite une émission spéciale pour le lendemain. C'est tout. Il parle tous les jours et de tout. Qui pourrait l'empêcher de parler davantage ? Personne. Alors pourquoi il nous saoule ? Quand on a comme métier de causer, il faut savoir le faire …en se taisant.