Entretien avec Mohamed Belmou, directeur du «Festibaz» ALM : Cette année, le festival est reporté pour des raisons sanitaires après l'avoir été à plusieurs reprises pour d'autres motifs. Quel serait l'impact de cet ajournement dû au coronavirus? Mohamed Belmou : Il est vraiment désolant que nous soyons tenus de reporter la 13ème édition du Festival Beni Ammar Zerhoun (Festibaz) après en avoir repris l'organisation, l'an dernier, le temps d'une 12ème édition. Cependant, il y a une différence entre l'obligation de l'ajourner dans d'autres années et cette année. En effet, les dernières fois, le motif principal du report de certaines éditions était la marginalisation dont le milieu rural souffrait. Chose qui se répercute sur notre festival qui est à caractère rural. En fait, plusieurs établissements publics que nous contactons refusent de présenter la simple réponse à nos demandes, qu'en est-il du soutien à notre festival alors qu'ils investissaient dans d'autres manifestations, sans saveur et goût artistique ?! D'autant plus que le petit nombre d'institutions qui nous soutenaient changeait de comportement à notre égard dès le simple changement du responsable comme la Fondation CDG dont M'hamed Grine était président délégué. Après sa nomination en tant qu'ambassadeur du Maroc en République libanaise, notre festival a été privé du soutien sous prétexte que la fondation ne finance plus les festivals. Nous avons eu quasiment le même traitement avec le ministère de la culture. Par contre, le report de la 13ème édition, que nous envisagions d'organiser en été 2020, n'est pas dû au soutien financier mais essentiellement à la pandémie du coronavirus qui a obligé à l'annulation ou au report de tous les festivals. Donc, même si le soutien était disponible cette année, il serait impossible de l'organiser alors que notre pays fait, à l'instar de plusieurs dans le monde, face à cette pandémie dangereuse qui exige de mobiliser tous les moyens. Bien évidemment, nous sommes pour l'idée d'allouer le budget annuel des festivals pour relever ce défi de lutte contre le corona avec les moindres dégâts, notamment en termes de vies humaines. Concrètement, comment réduire l'impact du report, dû au Coronavirus, sur le festival ? Ce qui importe dans notre pays et dans le monde, c'est de gagner cette bataille contre le virus et d'en sortir avec les moindres dégâts. C'est la priorité. Après quoi, il est sûr que notre vision des choses, de l'existence et de la vie va énormément changer. Il serait donc plaisant d'organiser la 13ème édition en célébrant le triomphe de l'humanité sur ce virus dangereux. Quant au problème du soutien, nous souhaitons nous en débarrasser grâce à la reconsidération du milieu rural et ses citoyens surtout que le budget nécessaire pour tout le Festibaz n'égale pas les frais d'une seule cérémonie pour d'autres festivals chanceux. Pourriez-vous nous parler de l'inspiration de la pandémie du coronavirus pour la prochaine édition du festival ? Il est sûr que le monde, après le coronavirus, ne sera plus le même. Cela sa manifestera par des impacts clairs sur toute l'humanité. Ainsi, notre festival, qui a une thématique particulière, interagira, comme toujours, avec les préoccupations du monde. Il est aussi indéniable que l'expérience humaine exceptionnelle, que nous avons vécue en ces temps de crise, inspirera énormément notre festival parce que l'apparition et la propagation de ce virus n'étaient pas absolument négatives. L'aspect positif n'en étant pas moindre puisque l'être humain s'est rendu compte, de par ce virus, de la monotonie de sa réalité. Cette pandémie a également fait que l'Homme réfléchit et se repose la question sur plusieurs concepts, comportements, coutumes et habitudes devenues des évidences voire des certitudes auparavant. Quels sont les préparatifs déjà entamés pour la prochaine édition avant la décision du report ? Outre les compétitions, notamment celle de la plus belle ânesse, remportée par la gagnante de la 12ème édition, «Cléopâtre» qui tentera de conserver ce statut pour la deuxième fois, et la nouvelle compétition «Course des stars», avec la participation de vedettes aux côtés des ânes gagnants en concours de beauté et rapidité, que nous n'avons pu organiser l'an dernier faute de soutien maigre, nous voudrions bien, lors de la prochaine édition, nous concentrer sur les arts de la rue. En fait, les soirées artistiques épuisent la moitié du soutien sans avoir d'impact. Par contre, les chantiers d'œuvres sur les murs contribuent au changement de l'esthétique de la Kasbah Beni Ammar Zerhoun où se tient le festival. Aussi, ces toiles durent dans le temps sans besoin et n'exigent qu'un budget minime. Notre objectif étant de transformer toutes les rues et places de la Kasbah en toiles artistiques avec la participation d'artistes-peintres de la région, du pays et de l'étranger. Tandis que les spectacles artistiques seront mobiles dans ces endroits. Nous préparions également une conférence sur la «culture de la montagne» avec la participation d'intellectuels et une autre sur les arbres fruitiers à destination des agriculteurs ainsi qu'une troisième conférence sur les industries traditionnelles féminines destinée aux femmes de la Kasbah outre d'autres initiatives, que nous dévoilerons le moment venu. Le tout abondant dans le sens de développement du festival. Il est connu que le lait d'ânesse a des bienfaits pour la santé. Qu'en est-il de votre recours à l'avis de nutritionnistes pour en prouver l'efficacité pour l'immunité que le coronavirus attaque ? Nous travaillerons, sûrement, davantage dans ce sens par rapport aux éditions précédentes. Pour rappel, lors de la 10ème édition du festival nous avions organisé une conférence avec la participation d'experts en nutrition. Les conclusions en ont été relayées même au niveau international. Ainsi, les bienfaits du lait d'ânesse se sont révélés. Il serait, donc, assez important de connaître à quel point ce lait et ses dérivés contribuent à renforcer l'immunité après l'expérience du Corona qui a révélé l'importance de cette immunité pour faire face à ce virus voire d'autres.