Montrée par Washington comme un exemple pour la reconstruction de l'Irak, la transition politique est actuellement au point mort en Afghanistan, théâtre de violences et d'une insécurité grandissante. Plus d'un an et demi après le début de sa transition démocratique, l'Afghanistan est aujourd'hui dans l'impasse. Son président intérimaire, nommé en décembre 2001, et son gouvernement provisoire, créé en juin 2002, peinent à imposer leur autorité en dehors de Kaboul, le reste du pays étant géré par les chefs de guerre. Pire, les anciens Taliban ont refait surface à l'est et au sud, dans les zones montagneuses, tout comme les fidèles de Ben Laden. Ces fondamentalistes et les opposants au régime d'Hamid Karzaï, considéré comme un allié inconditionnel de Washington, ont multiplié les attaques contre l'armée afghane, les troupes américaines ou encore les soldats de l'ISAF. Samedi soir, le bureau d'une ONG allemande a lui-même été visé par une grenade, à Kandahar dans le sud. Le même jour, des assaillants ont tiré une roquette contre une base américaine à Asadabad, dans la province de Kunar, à l'est. La veille déjà, une attaque similaire avait visé une base américaine à Orgun, dans la province de Paktika, dans le Sud. Des inconnus avaient aussi attaqué un convoi américain au sud de Kaboul… Par ailleurs, la Mission d'assistance de l'ONU en Afghanistan et la Commission afghane des droits de l'Homme se sont dit préoccupées dimanche par « l'augmentation croissante du nombre de menaces, d'intimidations, d'agressions physiques et même de détentions arbitraires » visant le débat politique national. L'UNAMA et la CADH ont exhorté Kaboul à ne pas interférer dans le processus de consultations en cours censé mener à la tenue, en octobre, d'une nouvelle assemblée, la Loya Jirga. Celle-ci, prélude à l'élection présidentielle de juin 2004, doit adopter la nouvelle Constitution du pays. Déstabilisé par la poursuite de la campagne militaire américaine au sud et à l'est, divisé par des chefs de guerre influents, fragilisé par la précarité qui touche sa population, l'Afghanistan a décidément encore de lourds défis devant lui.