Fatima Hamdaoui et Aïcha Guessous, cadres de la Direction de la Politique Economique Générale (DPEG), ont procédé récemment à une analyse de la notation du Maroc, par rapport à un échantillon de pays émergents, d'avril 2002 à avril 2003. Le but est d'établir une hiérarchie au sein des pays de l'échantillon en fonction des risques auxquels ces pays sont couramment exposés et qui sont susceptibles d'affecter le comportement des investisseurs et des marchés financiers internationaux. En se basant sur les notations établies par la Caisse des Dépôts et des Consignations (CDC) française, l'objectif des analystes DPEG est d'étudier le positionnement du Maroc par rapport à un échantillon de sept pays émergents (Chili, Corée du Sud, Malaisie, Pologne, Tunisie, Egypte, Turquie). Le but affiché est de souligner les améliorations ou rétrogradations des notations des différents pays de l'échantillon, de mieux situer l'économie marocaine par rapport à l'échantillon, de cerner la contribution des différents critères (qualité de la croissance, équilibre macro-économique, équilibre des comptes extérieurs et risques politique et bancaire) à la notation globale du Maroc et à celle des pays de l'échantillon. Enfin, d'établir une hiérarchie au sein des pays de l'échantillon en fonction des risques auxquels ces pays sont couramment exposés et qui sont susceptibles d'affecter le comportement des investisseurs et des marchés financiers internationaux. «Aussi, faut-il souligner que la référence aux mouvements de révision des notations souveraines par les agences de rating, Standard & Poor's (S&P) et Moody's, devrait permettre de cerner l'évolution de la qualité de crédit des pays émergents et son impact sur l'évolution des primes de risque assorties aux titres traités sur le marché obligataire international », estiment les auteurs de l'analyse. Il en ressort que, globalement, un raffermissement de la croissance tout au long de 2002 est à noter. Cette évolution reflète toutefois des spécificités locales très marquées. Parallèlement, il a été observé une nette reprise de l'activité dans les pays asiatiques, notamment grâce à la vigueur de la croissance en Chine et dans les pays de l'ASEAN, en lien avec l'accélération du commerce régional, la bonne tenue de l'industrie électronique et le dynamisme de la consommation privée, soutenu par la dépense publique. En revanche, l'investissement a marqué le pas compte tenu de la persistance des problèmes financiers des entreprises. Par contre, l'activité dans les pays tiers-méditerranéens a été maintenue, notamment grâce à la sortie de récession de la Turquie. Cependant, de fortes tensions géopolitiques pèsent sur la croissance de tous les pays, en affectant les flux touristiques et les décisions d'investissement, tout particulièrement au Proche-Orient. L'analyse des deux cadres DPEG s'est ensuite penchée sur les notations établies par actions de rating opérées par Standard & Poor's (S&P) et Moody's . Ces notations laissent apparaître une nette amélioration de la qualité de crédit des émetteurs souverains. En effet, sur les révisions de rating effectuées au cours du 1er trimestre 2003, plus de la moitié d'entre elles se sont inscrites à la hausse. En conséquence, la prime de risque assortie aux titres des pays émergents s'est inscrite en baisse. Concernant les pays de l'échantillon, leur niveau de notation a été consolidé par les deux agences de notation, sauf dans le cas du Maroc, où la perspective de notation a été revue de négative à stable et celle de la Corée du Sud, qui a été révisée de stable à négative. Malgré des circonstances exceptionnelles liées à la guerre en Irak, la croissance économique dépasserait 4,5 % initialement prévue dans le cadre macro-économique qui a présidé à l'élaboration de la Loi de Finances 2003, compte tenu de la campagne agricole attendue. En 2003, l'activité économique serait tirée encore plus par le développement du commerce extérieur. Dans son dernier rapport d'évaluation de la notation du Royaume, S&P a révisé de négative à stable la notation souveraine du Maroc. « Une telle action prend appui sur les efforts déployés par notre pays en matière de libéralisation politique et d'amélioration des indicateurs de développement humain, » estiment les chercheurs. Par ailleurs, l'amélioration des indicateurs externes témoigne de l'efficacité de la politique de gestion de la dette poursuivie par le Maroc et l'amélioration significative des réserves de change, lesquelles couvrent près de 12 mois d'importations. En revanche, S&P estime que certains facteurs négatifs continuent de peser sur la qualité du crédit souverain du Royaume. Par ailleurs, Moody's devrait également remettre son rapport d'évaluation prochainement. Or, bien que cette agence adopte en général des opinions plus pessimistes que l'Agence S&P, il est attendu à ce qu'elle opte pour une opinion similaire à celle de S&P…À moins que les évènements du 16 mai dernier en décident autrement !