La liaison d'une femme mariée avec un diplômé-chômeur bouleverse le quotidien d'une famille à Meknès. La vie y est devenue un enfer au point que le mari finit par tuer sa femme sous les yeux de leurs deux filles. Quartier Agdal, à Meknès. Il n'est que 8h du matin ce vendredi 16 mai, quand la petite, S, quatorze ans et sa sœur, L, sa cadette de quelques années, sont réveillées par les cris de leur mère. Que se passe-t-il ? Certes, elles sont habituées aux accrochages presque quotidiens entre leurs parents au point qu'elles ne s'en inquiètent plus. Ces scènes de ménage sont devenues monnaie courante, un des ingrédients de leur vie quotidienne. Dès le déclenchement des cris, les deux petites filles allaient se réfugier dans un coin de la chambre et regarder leurs parents en pleurant. Elles ne peuvent ni intervenir ni essayer de les calmer. Elles ne trouvent refuge que dans les larmes. Aucun des deux parents ne maîtrise ses nerfs : échanges d'insultes et de mots obscènes et quelquefois de coups. Ils continuent ce matin du vendredi à échanger invectives et accusations au point que l'épouse perd tout contrôle. à bout d'arguments, elle se dirige vers la cuisine, ouvre un tiroir et saisit un couteau. Elle retourne dans la chambre. Son mari continue de déverser des flots de reproches et d'insultes. Elle s'avance vers lui, lui assène un coup violent au niveau de la nuque. Il pousse un hurlement. Les deux filles les rejoignent dans la chambre à coucher, commencent à crier, à demander du secours. Leur mère assène un deuxième coup à son mari, le sang gicle de sa tête. Comme elle était de constitution solide, il n'a pas pu l'immobiliser. Pour se défendre, il saisit un bâton en bois ôté de la porte de l'armoire, qu'il a arrachée. Il se tourne vers elle, lui assène des coups successifs. Et pourtant, elle continue à lui infliger des blessures à l'aide de son couteau. Mais il parvient à lui arracher l'arme des mains et à lui en donner des coups sur tout le corps. Elle s'effondre sous les yeux de ses deux filles, le corps criblé de coups. Elle crie et demande du secours. Sa fille aînée, S, se jette sur le corps de sa mère avant de se relever et courir en pleurant vers la porte. Elle sort en criant : «sauvez ma mère, sauvez ma mère». Alertés, les voisins entrent. Horrifiés, ils découvrent le corps sans vie de la mère gisant dans une mare de sang. Ils alertent la police qui s'est rendue aussitôt sur le lieu de crime. Le père est arrêté. «Je l'ai tuée, parce qu'elle voulait me tuer», affirme-t-il aux enquêteurs. Pourquoi ? Ils vivaient en paix depuis le premier jour de leur rencontre, il y a de cela dix-sept ans. Seulement depuis quelque temps le comportement de l'épouse envers son mari a changé au point qu'elle ne semble plus le supporter. Elle l'évite à tout instant, ne veut plus de lui. Pour quelle raison ? Elle l'accuse de dysfonctionnement sexuel. «Je suis en bonne santé», explique-t-il aux enquêteurs. Forte de cet argument, elle entretient une liaison adultère avec un jeune diplômé en biologie, chômeur, de trente-quatre ans. Elle commence à le rencontrer dans des lieux où ils ne peuvent pas être reconnus. Seulement, son mari a découvert dans son sac une photo qui la montre en compagnie de son amant dans une position sans équivoque. L'époux demande des explications. Ne pouvant mentir, elle lui avoue sa liaison avec le jeune diplômé-chômeur. «Parce que tu n'es plus un homme !», lui lance-t-elle. Depuis, il ne se passe plus un jour sans scènes dans le ménage et ce, jusqu'à ce vendredi 16 mai. Le mari et l'amant ont été arrêtés et traduits en justice. Le premier est poursuivi pour coups et blessures ayant entraîné la mort de sa femme. Le second pour complicité à l'adultère.