Les livres culinaires ont-ils toujours le même engouement en pleine ère numérique ? Entre éditeurs et lecteurs qui répondent par l'affirmative, ainsi que d'autres qui réagissent par la négative, les avis sont assez partagés à ce propos. «Toujours un grand succès» «Les livres culinaires populaires ou prestigieux ou encore n'importe quelle cuisine ont toujours un grand succès. C'est une réalité que nous vivons depuis des années», tranche Abdelkader Retnani, directeur des Editions La Croisée des chemins et président de l'Union professionnelle des éditeurs du Maroc. Comme il le précise, depuis Gutenberg, le papier reste présent. «Il n'est pas mort et il ne mourra jamais. Il est complémentaire par rapport à tout ce qui est électronique», enchaîne-t-il en rappelant que le papier a sa place depuis 6 siècles. Le point de vue de l'orateur est partagé par une jeune dame. Même une œuvre culinaire donne envie de lire «Je préfère acheter un livre. Comme ça mes enfants, à force de voir un livre culinaire à la maison, ils finiront un de ces jours par le lire sans que ce soit assez intéressant pour eux et pourquoi pas préparer un plat ! Sur Internet, ils n'auront pas l'idée de lire une recette», exalte Amal, mère d'un garçon et d'une fille, rencontrée au 26ème salon international de l'édition et du livre. Pour cette jeune femme, le livre culinaire offre l'opportunité de «dévorer un repas des yeux». Mieux encore, le livre a, à son sens, une grande valeur. Il est également plus crédible que le Net comme elle l'indique. Certaines recettes sur la Toile n'étant pas, à son sens, toutes bonnes. «Contrairement aux écrans, le livre me met à l'aise et me permet de me concentrer quand je le tiens entre les mains», poursuit-elle. Et ce n'est pas tout. Tout comme les femmes, les hommes peuvent s'intéresser à de telles publications. Aziz Zyadi, qui s'identifie dans le même espace en tant que citoyen irakien, a eu l'amabilité d'échanger avec nous dans ce sens. Ces livres chers sont monnaie courante «Je trouve que ces œuvres, qui suscitent notamment l'intérêt des femmes, sont monnaie courante parce que nous mangeons trois fois par jour. C'est une réalité !», avance-t-il. Pour lui, il y a quand même un désintérêt pour ces publications qui s'explique, selon ses dires, par le grand nombre de recettes sur le Net qui sont gratuites et en vidéos qui facilitent la tâche. «Le prix de ces livres n'est pas à vrai dire dérisoire. Un roman se vend à 30 DH alors qu'un livre culinaire peut être à 150 DH», ajoute l'orateur, également vendeur de livres littéraires. Si certains éditeurs et lecteurs ont des avis tempérés sur le livre culinaire, d'autres sont catégoriques. Quand une professionnelle du livre recourt au Net «Moi-même j'ai recours aux recettes sur la Toile», indique une professionnelle du livre ayant requis l'anonymat. Pour elle, l'engouement n'est plus le même non seulement pour les livres culinaires mais aussi pour les œuvres en papier. Cet intérêt aux recettes sur le Net et livres électroniques est perçu d'un mauvais œil par une responsable tunisienne à la maison d'édition africaine pour la production artistique. «Le client préfère le livre numérique qui n'est pas une bonne affaire pour l'éditeur. Quant à la cuisine, les gens préfèrent avoir des vidéos sous les yeux parce qu'ils trouvent que c'est plus facile que le livre. Donc il n'y a plus assez d'engouement pour les publications culinaires», affirme-t-elle.