C'est un bel exemple de partenariat. Cent bibliothèque publiques ouvriront en 2004 dans plusieurs régions du Royaume. Le coût du financement de ce projet, appelé «Fonds de solidarité pour la lecture publique», est supporté par le ministère de la Culture, les collectivités locales concernées et la France. Explications. Ce projet est gigantesque. Il s'agit de la mise en place de dix médiathèques dans différentes régions du Royaume. Autour de chacune d'elles vont graviter des points de lectures satellites, répartis dans des zones urbaines, périurbaines et rurales. En somme, 100 bibliothèques sont en cours de réalisation dans la province de Khouribga, la province d'El Jadida, Oujda et sa région, Fès et sa région, Meknès et sa région, la préfecture de Sala Al Jadida, la province de Ouarzazate, la province de Tiznit, la province de Beni Mellal et la province de Taza. Le coût total du projet s'élève à 90 millions de DH. Le tiers de cette somme, c'est-à-dire 30 MDH, est pris en charge par l'Etat français. Les deux tiers, c'est-à-dire 60 MDH, seront respectivement financés par le ministère de la culture et les collectivités locales concernées. L'idée de ce projet est né en 2000. Elle avait trait à l'importance de la lecture publique au Maroc. Elle est inséparable dans sa gestation du Fonds d'aide Prioritaire (FSP) attribué par la France. « Le FSP est une aide budgétaire qui permet de monter des projets de développement contractuels. Son champ d'action prioritaire est le domaine social, qu'il s'agisse d'éducation ou de santé», nous précise Jean-Christophe Deberre, conseiller de coopération et d'action culturelle auprès de l'Ambassade de France. Il ajoute que dans ce projet précisément, la culture n'a pas été moins prioritaire que le reste. «La culture n'est pas un supplément à la vie ou juste un divertissement. C'est bien plus, puisqu'il s'agit de l'acquisition d'un savoir qui concourt à l'éducation, la réflexion et l'autonomie», dit-il. Cette idée a été ardemment défendue par deux femme : Mounya Nejjar, directrice du livre, des bibliothèques et des archives au ministère de la Culture, et Marie Redonnet, responsable du bureau du livre au service de coopération de l'Ambassade de France. Elles ont fait ensemble les repérages des sites. Le projet de la création de ces bibliothèques mérite les encouragements de tous. Il ne s'agit pas de considérer la somme de 9 millions d'euros comme étant insuffisante ou peu élevée, compte tenu de son injection dans cent bibliothèques. Mais de se rendre compte que le projet appelé «Fonds de solidarité pour la lecture publique» va augmenter de 62, 5% les bibliothèques qui existent au Maroc. «Ce renforcement du réseau préexistant» est particulièrement chère à Mounya Nejjar. Celle-ci ajoute que les sites seront opérationnels au printemps 2004. Mais pour cela, il faut signer la convention relative à la formation du personnel qui va assurer la gestion et l'animation des points de lecture. Cet accord serait imminent, selon Mounya Nejjar. Il s'agit d'une convention tripartite entre le ministère de la culture, l'ambassade de France et l'école des sciences de l'information. La durée de formation du personnel de ces bibliothèques va s'étendre sur 4 mois au minimum. Par ailleurs, le budget de fonctionnement de ces centres sera pris en charge par les collectivités locales. Et c'est en cela que le projet est également très intéressant. «C'est un exemple de décentralisation», souligne Jean-Christophe Deberre. L'Etat met à la disposition des collectivités locales un projet innovant et structurant qu'elles s'approprient, par la suite, pour en assurer la gestion. Est-ce que toutes les collectivités territoriales ont accueilli les bras ouverts ce projet? «Franchement, il a fallu batailler quelquefois, mais ce n'était pas désespérant !», dit Mounya Nejjar. L'une des rares collectivités locales à avoir opposé une fin de non-recevoir au projet est la province de Larache. Les élus locaux des autres collectivités ont compris l'intérêt de la présence d'un centre de lecture publique dans leur région. «La bibliothèque publique est le socle autour duquel s'érigent d'autres structures culturelles», dit Jacques Lemlé, attaché culturel auprès de l'ambassade de France. C'est en effet l'équipement culturel le plus important dans une ville ou un village. Les élus locaux ne sont pas toutefois les seules personnes à se réjouir de ce projet. Le fonds documentaire qui va garnir les 100 points de lectures sera acheté au Maroc, précise Marie Redonnet. Les éditeurs et les libraires vont donc bénéficier de cette manne à un moment où leur secteur traverse des moments bien difficiles.