Le tremblement de terre qui a frappé la région d'Alger mercredi soir a fait près de 800 morts et 5.000 blessés selon un bilan provisoire. Un bilan qui risque encore de s'alourdir, les opérations de secours étant loin d'être terminées. «Au moins 770 morts ont été enregistrés à la suite du séisme qui a frappé mercredi soir Alger et ses environs», a indiqué jeudi la radio d'Etat citant la protection civile. Le nombre de blessés a aussi légèrement augmenté, 4.696 personnes. Les autorités algériennes s'attendaient d'ailleurs à un nombre de victimes beaucoup plus élevé car «il y a encore du monde sous les décombres», selon le chef du gouvernement. «Nous sommes en train de gérer une véritable catastrophe qui malheureusement n'a pas encore terminé de fournir ses résultats. De minuit à trois heures du matin nous sommes passés de 250 morts à 500 maintenant et de 1.600 blessés à plus de 4.000» a expliqué Ahmed Ouyahia. «Les services concernés, protection civile, personnels de santé et la population sont en train de se battre d'une manière admirable mais malheureusement ce n'est pas terminé» a-t-il ajouté sur les ondes de la radio française RTL. C'est à 19H44 (18H44 GMT) mercredi soir que les habitants d'Alger et du département voisin de Boumerdès, située à 50 km à l'est, ont ressenti la première secousse particulièrement violente. Elle a été officiellement estimé à 5,2 sur l'échelle de Richter, mais l'observatoire de Strasbourg a indiqué jeudi qu'elle avait atteint une magnitude 6. Ce séisme a entraîné la panique, des milliers de victimes s'étant retrouvées ensevelies sous les décombres des immeubles. Des habitations entières se sont écroulées, notamment à Boumerdès, secteur le plus touché avec plus de 250 morts. Les habitants sont ensuite sortis en nombre hors de leur logement, et la plupart d'entre eux ont passé la nuit dehors. Les répliques ont en effet été ressenties régulièrement tout au long de la nuit et encore jeudi matin dans l'Algérois et en Kabylie. Dans cette dernière région, la radio d'Etat a d'ailleurs fait état de «dégâts importants» sur l'axe routier qui relie Alger à Tizi-Ouzou. L'épicentre du séisme a été situé à proximité de Thénia, selon le Centre algérien de recherche en astronomie et astrophysique (CRAAG). Le gouvernement algérien a installé jeudi matin une cellule de crise pour organiser les secours et le président Bouteflika a demandé à son ministre de l'Intérieur, Nourredine Yazid Zerhouni de se rendre dans la région dévastée de Boumerdès. Plusieurs pays étrangers ont également rapidement réagi pour offrir leur aide. Dès jeudi matin, la France a par exemple envoyé deux avions Transall C-160 de l'Armée de l'air avec à bord de chaque appareil 60 personnels de la sécurité civile. L'Elysée «est en contact avec les autorités algériennes et examinera toute demande d'aide supplémentaire qui pourra lui être faite» a précisé un communiqué de la présidence. Jacques Chirac a exprimé sa «très grande émotion» et la «solidarité» de la France à l'égard de l'Algérie. «La France se tient plus que jamais, dans cette cruelle épreuve, aux côtés de l'Algérie et du peuple algérien ami. Elle est disposée à leur apporter toute l'assistance matérielle nécessaire pour les aider à en surmonter les conséquences» a-t-il écrit à son homologue algérien. Son ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy a de son côté maintenu sa visite à Alger dans le cadre de la lutte anti-terrorisme. Il devait se rendre dans la journée sur les lieux du tremblement de terre. La Suisse a également offert son aide en dépêchant un premier détachement de huit à neuf personnes, dont trois conducteurs de chiens. Dans la matinée de jeudi, le ministre allemand des Affaires étrangères, Joschka Fischer, a à son tour exprimé son «désarroi» et sa «compassion». Une première équipe de l'aide technique allemande (THW), accompagnée de chiens-sauveteurs et dotée d'équipements spéciaux, est aussitôt partie pour Alger. Parmi les autres réactions, le président de la Commission européenne, Romano Prodi, a présenté ses condoléances au président Abdelaziz Bouteflika tout comme le chef d'Etat égyptien Hosni Moubarak et le chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, entre autres.