Les attentats de Casablanca ont visé la stabilité, la démocratie, la paix et la tolérance qui caractérisent le Maroc, souligne Youssef Aherdan, président de l'Association pour le développement intégré de la montagne. Entretien. ALM : Quelles sont vos impressions sur les attentats qui ont secoué Casablanca? Youssef Aherdane : Je suis indigné par ces actes de violence et je rejette avec force ce genre d'actes terroristes qui ont frappé la société marocaine, provoquant la mort des dizaines d'innocents, des blessés et d'importants dégâts. C'est vraiment horrible. Le choc est terrible. On pensait avant que le Maroc était à l'abri du terrorisme, mais finalement il s'est avéré qu'aucun pays n'est épargné de ce mal avec l'ouverture des frontières et la mondialisation. Aujourd'hui, le terrorisme touche toute la planète. Comment peut-on endiguer ce mal ? Le Maroc est un pays caractérisé par la stabilité, la paix, la tolérance et la cohabitation entre les civilisations et les religions. Ces valeurs ont été visées par les terroristes. Mais, il y a des problèmes économiques et sociaux. Cet état de choses s'est répercuté sur les jeunes, notamment dans les quartiers populaires, dans la périphérie des grandes villes et dans le monde rural. Le désœuvrement et l'oisiveté. Ces jeunes ont été exploités et manipulés par les adversaires de la démocratie et du projet de société que défendent toutes les forces vives dans ce pays. Pour mettre un terme à cette violence, il faut bien résoudre les problèmes à l'origine. Il faut préserver les acquis soutenus par les démocrates et les différentes composantes de la société civile et avancer le développement du pays, selon une stratégie globale qui vise la réalisation de la justice sociale, le renforcement de la démocratie et l'égalité. Comment expliquez-vous le vide politique dans les quartiers ? Dans les années quatre-vingts, les partis politiques ont été attaqués. Plusieurs scissions ont été opérées dans le but de les affaiblir et réduire de leur représentativité sur le terrain. Ces mesures étaient entreprises dans le temps en vue de contrôler les partis. Mais finalement voilà le résultat. Le fossé s'est creusé entre les jeunes et la politique. L'espace a été investi par les adversaires de la démocratie qui ont exploité les jeunes à des fins contre la stabilité et le développement de la société. Le rôle des partis politiques est d'encadrer les jeunes. Alors il faut leur donner les moyens. Ces actes terroristes auront-ils des répercussions sur l'économie du pays ? Ces actes de violence ont été perpétrés à la veille de la saison touristique, au moment où il y avait un démarrage dans le secteur pour cette année. C'est un coup dur pour ce secteur vital pour l'économie du pays. Et comme dans tous les pays, c'est le premier secteur qui est touché par les actes terroristes. Les investissements étrangers sont également visés par ces actes de violence. Comment expliquez-vous l'intérêt accordé par plusieurs pays à ces actes de violence ? Le Maroc, qui est dans une position stratégique, porte de la Méditerranée, est un pays stable. Et c'est dans l'intérêt de l'Europe que cette zone doit être stable. Mais il y a une grande différence entre leur discours et le soutien économique du pays. Par exemple dans le développement des provinces du Nord, pour lutter contre l'immigration clandestine et le trafic de drogue, les pays européens concernés n'ont pas honoré leur engagement dans ce sens.