Les attentats-suicide de Casablanca ont montré que le Maroc est aujourd'hui confronté à un véritable gang idéologisé et criminalisé qui au nom d'une vision obscurantiste de la religion a décidé de pratiquer le terrorisme. Les attentats-suicide de Casablanca ont montré que le Maroc est aujourd'hui confronté à un véritable gang idéologisé et criminalisé qui au nom d'une vision obscurantiste de la religion a décidé de pratiquer le terrorisme. En tuant un grand nombre de citoyens innocents par le recours à des méthodes spectaculaires, les kamikazes et leurs commanditaires ont déclaré la guerre à l'État marocain. C'est le message délivré par les responsables de la vague de terreur qui s'est abattue brutalement vendredi 16 mai sur Casablanca. Un État que les groupuscules intégristes de la Salafia Jihadia ne reconnaissent pas dès lors qu'il est jugé “mécréant et impie“ et qu'ils rêvent de le remplacer par la “Khilafa Rachida“ instaurée du temps des compagnons du prophète. Cette nébuleuse, dont certains de ses adeptes sont passés par l'Afghanistan, a pour modèle l'ex-régime des talibans de Mollah Omar et pour maître à penser le chef d'Al Qaïda Oussama Ben Laden. Connue des services de sécurité, elle s'est signalée au cours de ces dernières années par une série d'assassinats à l'arme blanche et à de disparitions de citoyens où ont trempé des membres de Assirat Al Moustakim et leur émir Miloudi Zakaria. Les accusés sont aujourd'hui devant la justice casablancaise pour répondre de leurs actes. Mais personne n'aurait cru un seul instant que cette bande était capable d'aller jusqu'à concevoir et perpétrer des attentats-suicide. D'où le choc immense ressenti par la population marocaine à cause de ces opérations criminelles… Les arrestations opérées dans les milieux de la Salfia Jihadia et les procès qui s'en suivent n'ont visiblement pas affaibli cette nébuleuse, ni entamé sa détermination. Bien au contraire… Les attaques meurtrières de Casablanca sont l'expression de sa radicalisation… Une évolution gravissime qu'il faut prendre au sérieux. Groupuscule extrémiste, Assirat Al Moustakim a prospéré sur le terreau de la misère et de l'exclusion qui sévissent à Sidi Moumen dans la périphérie nord de Casablanca. C'est ici, dans les bidonvilles entre champs d'ordures et usines clandestines que vivaient la plupart des jeunes kamikazes qui apparemment n'attendaient rien d'une vie qui leur est infernale. L'ignorance et l'embrigadement aidant, ils ont alors basculé dans l'intégrisme et fait basculer Casablanca dans l'horreur. Ils ont déversé leur trop-plein de haine et de ressentiment contre les gouvernants en entraînant dans leur mort par des actes barbares ceux de leurs concitoyens… La réponse à la violence intégriste, qui fait pour la première fois irruption dans la société marocaine avec une telle barbarie, ne saurait être seulement répressive. Elle doit être aussi et surtout économique, politique et sociale. D'autant plus que le terrorisme aveugle n'est pas quelque chose d'identifiable situé dans un espace précis et concret. Et puis, quand bien même la vigilance est de rigueur, c'est une gageure que d'empêcher un desperado endoctriné, bourré d'explosifs et résolu à se tuer et à tuer…