Les sicaires de la Salafia Jihadia ne relèvent pas encore de l'espèce en voie d'extinction. Et ce malgré les multiples coups de filets opérés dans les milieux de l'intégrisme depuis les attentats terroristes de Casablanca le 16 mai dernier. Les sicaires de la Salafia Jihadia ne relèvent pas encore de l'espèce en voie d'extinction. Et ce malgré les multiples coups de filets opérés dans les milieux de l'intégrisme depuis les attentats terroristes de Casablanca le 16 mai dernier. Les procès de cette cohorte de criminels, qui ont monopolisé définitivement les colonnes de certains journaux, se suivent et se ressemblent. On dirait que ce feuilleton macabre ne va jamais finir avec le lot des arrestations devenues pratiquement quotidiennes. Combien sont-ils ? Mille, cinq mille, un million ? En fait personne ne sait. La complexité de la tâche vient du fait qu'il ne s'agit pas d'un adversaire identifiable que l'on peut facilement cerner. Non, l'ennemi est invisible. Il peut frapper n'importe quand et n'importe où. Doté d'une mobilité exceptionnelle, il est tapi dans l'ombre attendant l'occasion de passer à l'action. Il peut être votre voisin, votre boucher ou le vendeur à la sauvette du coin… Là où il y a précarité et frustration pousse le chienlit de l'extrémisme. Là où il y a un vide laissé par l'État ou les partis politiques, il est rapidement comblé par les petits marchands de la rédemption. L'extrémisme se propage et se développe au rythme de la misère intellectuelle et de la misère tout court. Il se nourrit aussi du ressentiment et des désillusions. Les adeptes de cette mouvance obscurantiste sont légion, proies faciles des théoriciens du suicide spectaculaire qui légalisent le fait de se donner et de donner la mort au nom d'une vision arriérée de la religion. C'est pour cela que le combat contre ce phénomène dangereux qui menace la société et ses liens sera de longue haleine. Le Maroc a produit du fait des politiques gouvernementales qui se sont succédés depuis quarante ans des laissés-pour-compte, des floués de la vie qui pour se consoler trouvent refuge dans l'islamisme. Une manière de fuir une réalité qu'ils jugent sur le plan religieux non conforme aux préceptes de l'islam. Certains d'entre eux, une fois embrigadés par les gourous de la Salafia Jihadia, se croient investis d'une mission de la changer quitte à poser des bombes et à se faire exploser pour déstabiliser un régime qu'ils qualifient “d'impie“. Les kamikazes de Casablanca ont cru faire du Jihad alors que leurs actes relèvent purement et simplement de la folie meurtrière et de l'inconscience totale. La répression à elle seule ne suffit pas pour venir à bout d'une hydre immonde qui a en plus une capacité extraordinaire de régénération. La réponse doit être de nature socio-économique. Comment faire en sorte que le Maroc ne produise pas seulement des cohortes de frustrés mais une vraie croissance qui génère du bien-être pour tout le monde ? Tel est le défi que doivent relever les pouvoirs publics. Ces derniers doivent aller au-delà des politiques d'improvisation et de replâtrage pour favoriser les conditions d'une vraie justice sociale basée sur la redistribution des richesses et la fin des privilèges.