Fouad Jettou, le directeur de l'hôpital, n'est pas d'accord avec ceux qui déclarent que les porteurs de certificats d'indigence n'y sont pas admis. A l'hôpital Moulay Youssef de Casablanca, les malades ne se souffrent pas que de douleur. Certains d'entre eux déclarent avoir buté contre de «probables nouvelles procédures». Selon ces derniers, le certificat d'indigence ne leur donne plus le droit de gratuité des consultations. Ils doivent dorénavant payer à l'instar des autres malades. Pour rappel, l'hôpital Moulay Youssef se trouve en plein centre ville de Casablanca sur le boulevard du même nom. L'hôpital est limitrophe des vieux quartiers défavorisés de l'ancienne Médina. Les malades qui recourent cet hôpital sont en grande majorité des gens qui appartiennent directement à la classe indigente. Ce sont des personnes qui souffrent de tous les maux accentuées par la pauvreté. Il a été dit et redit que le ministère de la Santé au Maroc veut garantir la gratuité pour les démunis. L'on s'attend à ce que le problème soit réglé dans le cadre de la mise en œuvre du Régime d'assistance médicale (Ramed), prévu initialement pour le mois de janvier 2005. Le Ramed prévoit, entre autres, la délivrance de cartes d'indigence valables pour une période donnée aux vrais nécessiteux, pour éviter le trafic qui se fait actuellement autour des certificats d'indigence. Pour l'information, plus de 70% des usagers des hôpitaux publics ont des certificats d'indigence, tandis que 59% des ménages à revenus relativement élevés ne paient pas les frais d'hospitalisation! Dans l‘échéancier de travail du ministère de la Santé, les commissions chargées de mettre en place le Ramed ont à charge l'identification de la vraie population démunie. Les commissions doivent répertorier au cours des deux premières années (2005-2006), cette population sur la base de critères bien précis. Actuellement, c'est le ministère de l'Intérieur via ses instances qui se charge de délivrer le fameux certificat d'indigence. La refonte du système repose donc sur la concertation entre les départements de la Santé et de l'Intérieur. Pour rappel, la formule de la prise en charge de la population des démunis ne date pas d'hier. elle remonte aux années 60. A l'époque, le système se donnait pour objectif d'assurer la gratuité de l'enseignement, et celle des soins. Pour ce système de santé adopté par le Maroc, les recommandations de l'OMS (Organisation mondiale de santé) sont claires: le système ne peut être efficace que si le gouvernement corrige les défaillances du secteur par une prise en charge équitable et efficace des besoins des plus démunis. A l'hôpital Moulay Youssef, les personnes qui présentent le certificat d'indigence au lieu du paiement dépassent la moitié des malades. «Nous soignons gratuitement plus de 60% de nos malades parce qu'ils ont des certificats d'indigence», informe Dr Fouad Jettou, directeur de l'hôpital Moulay Youssef. «Et il n'a jamais été question de refuser les soins pour les patients présentant un certificat d'indigence. Ceci est valable pour tous les hôpitaux publics », continue ce dernier avec une note d'étonnement. Le directeur de cet hôpital trouve par ailleurs inadmissibles les attitudes de certains malades qui pensent que les soins doivent de prime abord être gratuits. «Nous avons au niveau de l'hôpital un budget de 7 millions de DH. Nous faisons, en face à plusieurs catégories de dépenses énormes », explique clairement Dr Fouad Jettou. Et de continuer : «Nous faisons plus de 4.000 accouchements par an, nous payons 700 mille DH d'eau et d'électricité, le nettoyage et le gardiennage coûtent autant, etc. Rien que la facture d'oxygène, elle s'estime à 1 million de DH. Le contrat de la maintenance du scanner coûte à lui seul 600 mille DH.», énumère-t-il. Ceci rejoint parfaitement les déclarations du ministère de la Santé Publique concernant le coût du secteur. Aussi est-il logique et normal de sensibiliser le citoyen de telle sorte à ce qu'il comprenne bien que la gratuité ne vise que les gens réellement démunies. Pour ce faire, la rationalisation des dépenses s'impose.