Le dernier bilan mondial de la pneumie atypique est alarmant. Avec près de 2700 cas répertoriés et plus de 94 morts, il y a vraiment de quoi s'inquiéter. Retour sur un virus qui sème la terreur. L'épidémie de pneumonie atypique, également désignée sous le nom de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), devient de plus en plus inquiétante. Il aura fallu très peu de temps pour que quelques cas de pneumopathie en Chine se transforment en menace planétaire. Même si les mesures ont été prises très rapidement, la progression de l'épidémie est particulièrement effrayante. C'est le 16 novembre 2002 que le premier cas de «pneumonie atypique» ressemblant à une sorte de grippe apparaît à Canton (Guandong) en Chine. La maladie aurait été transmise suite à un contact avec du bétail. Le 26 février 2003, un cas de pneumonie est identifié à l'hôpital de Hanoi (Vietnam). On ne connaît pas son origine. Mais le 12 mars 2003, près de 42 cas de pneumonie atypique sont déclarés au même hôpital. Le premier malade identifié est transféré à Hong Kong, où il décède. L'Organisation Mondiale de la Santé lance un bulletin d'alerte. Mais la cause de la maladie baptisée syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) reste inconnue. Le 19 mars 2003, les travaux de chercheurs à Hong Kong laissent penser qu'il s'agit d'un paromyxovirus. Le lendemain, neuf cas de SRAS dont deux décès sont signalés au Canada, chez des personnes revenant de Hong Kong. L'origine de l'infection semble identifiée à Hong Kong : un médecin qui venait de Canton a séjourné dans l'un des hôtels de la ville, et ainsi contaminé d'autres résidents. Interrogé sur le sujet, le Dr Klaus Stohr (OMS) estime que ces coronavirus peuvent acquérir de nouvelles caractéristiques leur permettant de sauter les barrières de l'espèce. Cependant, malgré la mobilisation mondiale des meilleures équipes sous la coordination de l'Organisation Mondiale de la Santé, beaucoup de questions restent en suspens. Cette maladie n'a toujours pas livré l'identité de l'agent responsable de ces manifestations. Plusieurs hypothèses restent d'actualité. Le coupable pourrait être un virus de la famille des paramyxoviridae, qui regroupe de très nombreux virus, des oreillons à la rougeole, et dont certains sont connus pour entraîner des atteintes respiratoires. C'est la thèse des chercheurs de Hong Kong. Autre possibilité, le coupable appartiendrait à la famille des coronavirus, virus responsable de rhumes. De composition génétique différente, le responsable de l'épidémie serait une nouvelle variété de coronavirus. C'est la piste des responsables du Centre de contrôle et de prévention des maladies (Center for Disease Control and Prevention - Atlanta) et des équipes de l'Institut Pasteur. Cependant, il n'y aurait peut-être pas un seul coupable mais plusieurs. Ainsi, l'hypothèse de co-infections par ces deux agents n'est pas définitivement écartée. Aujourd'hui, on estime que l'épidémie est très certainement partie de la région de Guangdong en Chine. Mais les informations distillées au compte-gouttes par les autorités chinoises ne permettent pas encore de clarifier la situation. Ce qui a coûté de virulentes critiques aux autorités chinoises. Gro Harlem Brundtland, directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a en effet critiqué lundi 7 avril, l'attitude initiale des autorités chinoises face à l'épidémie de pneumonie atypique, estimant qu'elles auraient dû signaler plus vite les premiers cas. «La prochaine fois que quelque chose d'étrange et de nouveau se produit laissez-nous venir aussi vite que possible», a-t-elle déclaré à la presse, en visite à Lucknow, dans le nord de l'Inde. Cela aurait été d'une grande aide si le savoir-faire international de l'OMS avait pu intervenir plus tôt, a ajouté Mme Brundtland. Au Maroc, la réaction officielle écarte l'imminence du danger. Le directeur du département épidémiologique et la lutte contre les maladies, Jawad Mahjour a souligné que le ministère de la santé publique a renforcé les mesures déjà prises pour parer à l'éventualité d'une contagion. Chaque jour le département réajuste sa stratégie en fonction des nouvelles données et des recommandations de l'OMS. M.Mahjour a rappelé que les mesures préventives entreprises s'articulent autour du renforcement de la surveillance épidémiologique et du contrôle sanitaire strict aux frontières du pays. Plus particulièrement dans les provinces ayant un trafic avec les pays touchés par la maladie. Objectif : détecter d'éventuels cas et appliquer les mesures qui s'imposent. Toute personne présentant les symptômes de cette maladie sera orientée vers une consultation spécialisée et le cas sera notifié à l'observatoire régional de l'épidémiologie et à la direction de l'épidémiologie et la lutte contre les maladies. Jusqu'à présent, il n'y a pas de danger mais la vigilance demeure primordiale.