Le Parlement britannique a donné son feu vert à Tony Blair pour faire la guerre à l'Irak. Mais Tony Blair joue avec le feu. Tony Blair, le Premier ministre britannique a obtenu mardi soir le feu vert du parlement à une guerre contre l'Irak. Mais le locataire du 10 Downing Street a vécu des moments pénibles, dont la démission de trois ministres, et surtout une rébellion sans précédent des députés de son propre parti. A l'issue de quelque dix heures de débats, les député ont été appelés à se prononcer sur un amendement anti-guerre, puis sur une motion gouvernementale autorisant « si nécessaire » la participation de 45.000 soldats britanniques à une guerre contre l'Irak. Résultat : l'amendement anti-guerre a été rejeté par 396 voix soit avec une majorité de 179 voix. Mais parmi les 217 parlementaires qui ont voté contre la guerre, il y aurait jusqu'à 139 membres du Labour de M. Blair, soit encore plus que lors d'un précédent vote fin février. Le 26 février, 199 députés dont 122 élus du parti travailliste (plus du quart des députés Labour), avaient en effet voté pour un amendement estimant que la guerre contre l'Irak n'était pas fondée à ce stade. Dès l'entame des débats, Tony Blair qui joue son avenir dans le dossier irakien avait menacé de démissionner si les parlementaires se prononçaient contre un recours à la force en Irak. Le Premier ministre était tout de même assuré d'emporter le soutien de la majorité de la chambre, le parti travailliste étant largement majoritaire à la chambre (412 élus) et la majorité des conservateurs ayant décidé d'apporter leur voix à M. Blair. Toutefois, 149 élus ont voté contre la motion du gouvernement qui n'a ainsi accueilli que 412 voix favorables sur les 659 députés de la chambre des Communes. Une gifle d'autant plus retentissante pour M. Blair qu'au Royaume-Uni, la discipline de vote est traditionnellement suivie à la lettre. Selon la presse, le parlement n'avait pas connu une rébellion d'une telle ampleur depuis plus d'un siècle. Sur un autre plan, la crise irakienne a ébranlé le gouvernement de Tony Blair, confronté à une véritable fronde au sein de son propre parti. En moins de vingt-quatre heures, le Premier ministre britannique a reçu la démission de trois ministres qui contestent sa décision de s'aligner sur les Etats-Unis dans la crise irakienne et d'engager la Grande-Bretagne dans un conflit armé sans autorisation de l'ONU. La démission mardi de John Denham, ministre britannique délégué à l'Intérieur, est venue s'ajouter à celles, lundi, de Robin Cook, le ministre chargé des Relations avec le Parlement, et de Lord Hunt, ministre sans portefeuille. En revanche, Clare Short, ministre du Développement international, présentée un temps comme le fer de lance des rebelles travaillistes, a fait volte-face, créant la surprise et restant fidèle à Tony Blair.