La polémique bat son plein en Espagne entre le parti de José Maria Aznar qui a opté pour la guerre, et les autres formations politiques qui défendent la paix. Au sein du Parti Populaire, aucune décision courageuse n'a été enregistrée apparemment. L'adhésion du chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar, au camp des promoteurs de la guerre et l'éventuelle participation de l'armée espagnole à l'agression militaire contre l'Irak continue de susciter la polémique dans la vie politique ibérique. Ainsi, les camps sont définis et ne prêtent à aucune confusion : le club des défenseurs de la guerre et qui ne compte que sur un seul membre à savoir le Parti Populaire (PP) dirigé par Aznar, et celui des partisans de la paix qui regroupe toutes les autres formations politiques espagnoles avec à leur tête le leader de l'opposition, le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE). Au lendemain de la participation d'Aznar au sommet de la guerre tenue aux Acores, les discours se multiplient et les déclarations de part et d'autre montrent l'ampleur de la scission que la position du dirigeant populaire a provoqué au sein de la société politique espagnole et le distanciement qu'il fomente entre son exécutif et l'opinion publique de son pays. Au sein du débat, des responsables nationaux ou régionaux du PP se précipitent, par inconscience parfois mais généralement par opportunisme politicien à soutenir la position de leur chef au point de faire des déclarations ridicules. Peu importe le contenu ou la cohérence de ce qui est dit. L'essentiel pour eux est d'approuver le Président. À titre d'exemple, on citera la déclaration du porte-parole du PP à la commission des Affaires extérieures de la Chambre basse du Parlement espagnol, Gustavo Aristégui. Ce député populaire a estimé que le soutien espagnol aux Américains serait guidé par un sentiment pro-arabe. Selon lui, l'Espagne, qui a une vocation méditerranéenne et une longue amitié avec les pays arabes, veut "renforcer sa présence au Moyen-Orient en tentant de modérer certaines positions des Etats-unis". "En adoptant une telle position, l'Espagne rend une faveur aux Irakiens et au reste de la région", a-t-il dit. Néanmoins, ce qui rend spécial ce camp de la guerre est bel et bien son homogénéité et la symbiose entre tous les responsables de l'unique parti qui la compose. Ainsi, on a vu, jusqu'au moment de l'écriture de ces lignes, qu'aucune personnalité politique du PP n'a eu ni le courage ni l'intelligence politiques de se démarquer de la position d'Aznar. Dans ce parti donc, il n'existe ni un Robin Cook, ni un John Denham. Chez Aznar, tout le monde est pour la guerre. Rien d'anormal d'ailleurs. Dans le camp de la paix, un accord de principe est dégagé : “Non à la guerre”. Mais, des divergences sur les actions à entreprendre diffèrent. La Gauche Unie appelle à la démission du gouvernement, car, estime son leader, Gaspar Llamazares, cet Exécutif ne peut plus prétendre représenter les citoyens espagnols puisqu'il va à l'encontre de leur volonté en décidant de participer à la guerre. D'autres partis, comme l'ERC ou l'ICV catalans, vont même jusqu'à appeler à entreprendre des actions pour traduire Aznar devant le Tribunal Pénal International (TPI) pour incitation à la guerre. Entre temps, le leader populaire, qui l'est de plus en plus moins, persiste et signe dans son appel à la guerre.